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Pas de Mahler sans Clairette !

4 Avr

Vienne,1952. Bruno Walter dirige le Philharmonique de la capitale autrichienne. Il est accompagné de la contralto Kathleen Ferrier dans le fameux Chant de la Terre de Gustav Mahler qui fut l’ami du chef d’orchestre. Un « disque de légende », comme on dit. Un disque que je ne me lasse pas d’écouter. Et très souvent, je ne sais pourquoi ni comment, lors de mes retours de marché, il m’inspire au plus haut point et me plonge dans la préparation d’un plat spontané, sans suivre de recettes particulière et sans chichis, du type de plat qui va suivre. Sans oublier l’accompagnement.

La dernière fois, ce fut lors de mon retour d’un voyage au Maroc. J’avais soif de vin, de pureté salivante, de délice terrien. Cette soif ajoutée à la musique mahlerienne m’inspirèrent un risotto. J’ai une folle envie de vous le raconter, mon risotto. Mais avant toute affaire en cuisine, une descente en cave s’impose. Là, au bout d’une exploration rapide, je tombais pile au « rayon Rhône » sur trois bouteilles d’un vin IGP Méditerranée « Les Anthénors » de l’ami Jean-luc Colombo, un blanc issu de ses vignes de Clairette plantées quelque part au large de Carry-le-Rouet, plus précisément sur la commune de Sausset-les-Pins, à quelques lieues de Marseille, son port d’attache familial. J’examinai ce beau flacon à la forme légèrement évasée, l’étiquette ornée de trois cyprès – Jean-Luc ne fait jamais les choses à moitié -, pour découvrir le millésime. C’était un 2018 que j’avais volontairement oublié. J’ai toujours entendu, venant de la part de je ne sais quels doctes savants de la vigne et du vin, que la Clairette, par je ne sais quel manque d’acidité, ne saurait « vieillir » au-delà de deux ou trois ans. Sachant que ce cépage ancien était responsable à mes yeux de la finesse et de la profondeur de beaucoup de vins de Châteauneuf-du-Pape et de la méconnue appellation Clairette du Languedoc (goûtez celle du Château La Croix Chaptal, de par chez moi, dans l’Hérault) -, ce genre d’affirmation venant aussi de quelques remarques recueillies au fil des ans auprès de vignerons sudistes, me donna l’idée de conserver quelques exemplaires de ce cépage, comme ça, par curiosité, par esprit de contradiction certainement, enfin bref, juste pour voir. Certes six ans d’âge, ce n’est pas très vieux, mais enfin il faut faire avec ce que l’on a. Résultat, le flacon se retrouva illico au frigo pour dégustation. En un premier verre, le vin que j’avais apprécié dans sa jeunesse, n’avait guère me dire. Mais au bout de l’après-midi dans le verre, à l’air libre, il se décida à me parler, avé l’accent : fenouil des sentiers, garrigues, fleurs de thym, résine, salinité, pêche de vigne, j’étais bien en Provence, à la fois chez Giono, Pagnol et Guédiguian, en plein « Chant de la Terre ». Prenant en compte les origines italiennes, piémontaises je crois, de la famille Colombo, je gardais l’idée première d’un risotto.

Pour moi, faire un risotto, c’est un peu comme un jeu, une sorte de dépaysement, une évasion. Cette fois-ci, spontanément, je voulais donner au plat une connotation végétale et printanière inspiré que j’étais par ce que j’avais rapporté du marché, petits pois, oignons tendres, de l’aillé, ainsi qu’une botte d’asperges vertes.

A partir de là, le reste est simplissime : un peu d’huile de pépin de raisin au creux de la poêle pour faire frémir à feu vif les oignons, leurs tiges vertes et l’aillé émincés, deux ou trois belles louches de riso arborio, on touille bien jusqu’à faire briller et brunir légèrement l’ensemble, puis on y ajoute une louche de bouillon de légumes (ou de volailles), des tiges tendres d’asperges (garder la partie la plus dure des tiges pour un bouillon) taillées en fines rondelles; on touille encore et encore et, de nouveau, une louche de bouillon; lorsque le tout se met à bien saisir, on verse un demi verre du vin blanc de Clairette, quelques lamelles de parmesan pour obtenir un aspect quelque peu crémeux, puis une lichette de vin rancio pour parfumer, puis on touille et re-touille avec la spatule en bois avant de finir la cuisson avec une louche supplémentaire de bouillon, deux ou trois si nécessaire. L’opération prend une vingtaine de minutes et requiert une présence permanente au cours de laquelle on n’hésite pas à trifouiller la surface du plat à coups de tranchant de spatule dans un sens puis dans l’autre, à tourner et retourner le riz et, lorsque la cuisson avance bien, on goûte le grain jusqu’à ce qu’il soit croquant mais aussi fondant; ajouter sel et poivre selon son goût (perso, j’y met une mini cuillère à café de curcuma en poudre), on baisse le feu vers la fin de cuisson, on ajoute deux belles noix de beurre, un peu de thym frais et (ou) fines herbes grossièrement hachés, une louche de petits pois et les pointes d’asperges vertes mises préalablement en réserve lors de la préparation. Lorsque que le riz est à point, on saupoudre éventuellement selon goût un peu de Parmigiano Reggiano râpé (15 mois d’affinage au moins), on coupe le feu et on couvre le plat pour bien infuser les parfums avant de servir au besoin réchauffé une ou deux minutes à feu vif. Il m’arrive de rajouter le parmesan râpé au moment du service quitte à faire hurler les spécialistes.

Qu’il soit légumier, à base de crevettes ou de coquillages, aux truffes ou aux cèpes, à la moelle ou aux viandes blanches (lapin, pintade, poulet…), la rondeur, la suavité de la Clairette servie pas trop glacée se marie bien avec le risotto. La puissance retenue, la persistance en bouche du vin, sans oublier la profondeur, tout cela ressortira encore mieux si l’on tente de transvaser la veille le vin en une carafe ventrue. Après cela, on peut s’offrir une belle sieste en compagnie de la Première de Mahler, ou la Quatrième ou la Sixième, peu importe. Pour ma part, j’ai pu constater que s’il reste une lichette de Clairette en finale, ce n’est pas plus mal pour apaiser l’esprit !

Pour plus de Chant de la Terre, rendez-vous ICI !

Pinoteries et Rythm n’ Rouze

28 Mar

Ce n’est pas la première fois que je vous entretiens de cette tendance qu’ont les vignes du Midi à “pinoter”. La dernière fois, c’était cet hiver où je fourrais mon nez dans les Terrasses du Larzac. Cette fois, la fournaise aidant, j’ai retrouvé cet été la joie pure du “pinotage” à la languedocienne, sensation que je partage avec vous aujourd’hui façon “brut de cuve”, si j’ose dire. 

Photo : MichelSmith

Bouchons qui sautillent de joie, rouges servis frais surtout jusqu’à plus soif, c’est l’été quoi, et quel été ma bonne dame ! Plus que jamais par les temps qui coulent tout en courant, telle une source généreuse et jaillissante cachée dans la roche d’un paradis au milieu du désert brûlant, c’est le moment de boire à gorge déployée, loin, très loin des estivaux festivals, des plages surpeuplées et des autoroutes bondées, le moment de s’enivrer au fil de nos journées haletantes.

Alors, je goûte et re-goûte presque sans retenue le vin joyeux et n’ai d’autres envies que celle de jouir pleinement la simplicité du vin. Le genre pet’ nat’, par exemple, le tendre Pineau d’Aunis, le Gamay sucré de mon cœur, léger, frétillant et gourmand, le Pinot Noir qui, dans bien des cas, libère son fruit avec exubérance, la Négrette de Fronton, la Barbera piémontaise et j’oublie certainement au passage plus d’un raisin qui, vinifié simplement pour être bu sans trop tarder, sans manières, révèlent un fruité d’un goût oublié et avance avec fougue tel un cheval camarguais en pleine course libre dans les hautes herbes.

Mes camarades et moi avons déjà écrit à maintes reprises sur le Cinsault et les jolis rosés qu’il engendre un peu partout dans le Midi. Je ne vais donc pas trop m’attarder. Sauf pour dire que chez nous, en Languedoc, le Cinsault fait partie de ces jus que l’on n’oublie pas et les vignerons qui s’y attachent sont de plus en plus nombreux. J’ai déjà cité par le passé ceux de Sylvain Fadat, de Thierry Navarre avec ses fameuses “Œillades” – l’autre nom que l’on donne ici au Cinsault, et de bien d’autres vignerons méritants. 

Voici venir un jus réjouissant, celui de Karine et Nicolas Mirouze dont les 25 ha de vignes travaillées en biodynamie s’incrustent joliment dans la garrigue aux pieds du château du même nom, bâtisse à l’allure de forteresse médiévale. Je bois ainsi d’une traite (enfin presque) ce rouge léger (une version Viognier existe aussi en blanc) qui ne dépasse pas 11°, qui affiche une robe insolente de légèreté, entre rouge et rosé foncé, et qui m’offre une jolie coupe de petits fruits, rouges évidemment, avec quelques touches florales pour chatouiller le gosier. Comme annoncé plus haut, il s’agit d’un Cinsault non filtré armé, dans sa version 2021 du moins, d’une belle portion de Carignan et de Mourvèdre qui laissent une impression de petits tannins poivrés en finale. Un parfait vin de soif à boire sans songer à la modération !

Photo : MichelSmith

J’allais oublier le prix : 10 € chez mon pote Bruno, caviste au Nez dans le Verre à Pézenas. Un conseil : si vous ne connaissez pas les vins des Mirouze, prenez le temps de lire l’article printanier de Nadine sur ces lignes. Enfin, par ce lien, vous aurez accès à la chaîne YouTube du domaine qui permet de faire aussi connaissance avec Karine et Nicolas.

Le Jour du Seigneur

28 Mar

Nous sommes bien d’accord, n’est-ce pas : on ne devrait saisir son clavier, du moins dans le cadre d’un blog tel que le nôtre, que si l’on a quelque chose d’important à dire, non ? Eh bien c’est mon cas puisque je vais vous entretenir du Jour du Seigneur, le Seigneur Carignan, bien sûr.

Tandis que je me gave de cèpes et autres trésors de nos bois à grand renfort de poêlées dignes d’Insta et de Facebook, je me souviens que, demain lundi, je vais participer, à Berlou, au Domaine de Cambis, sous l’égide de l’Union de la Sommellerie Française Languedoc Roussillon et Vallée du Rhône Sud (ouf !), et en étroite collaboration avec l’Association Carignan Renaissance qu’il m’est arrivé à ses débuts de présider, participer donc à une dégustation qui, je l’espère, sera grandiose puisqu’elle concernera les vins de nos associés, une bonne vingtaine je pense et même plus si l’on ajoute les “vieux” millésimes. De mon côté, je me pointerai avec des bouteilles de notre Puch, 2021 et 2014, ce petit domaine fondé avec des copains il y a plus de 10 ans sur une bosse avancée vers la mer, dans la commune de la commune de Tresserre dans les Pyrénées Orientales.

Tout cela va se faire en prélude du désormais célèbre Jour du Carignan autrement connu sous le nom de International Carignan Day, en attendant que le plus jeunes de nos membres ne créent un Carignan Night Fever à l’instar de nos amis du Grenache Day. La date retenue cette année pour ce Jour du Carignan, événement suivi par de plus en plus de cavistes et sommeliers, du moins dans le Sud, est le jeudi 27 Octobre. Je lance donc un appel à nos lecteurs, mais aussi à tous les amateurs et professionnels amoureux du vin méditerranéen de bien vouloir prévoir ce jour-là d’ouvrir une bouteille de ce noble cépage, de trinquer à notre belle humeur et de faire part de vos découvertes sur les désormais indispensables réseaux sociaux. Rendez-vous en particulier ce jour-là sur notre page Facebook que vous trouverez sur ce lien, laquelle, je l’avoue, mériterait un certain rafraîchissement.

Sur ce, pour le fameux Jour du Carignan, je vais faire cuire doucettement les premières girolles du marché avant de les achever avec deux oeufs fermiers en omelette si possible baveuse, ail et persil inclus. Pour les accompagner, j’ai prévu ce très provocateur “Renverse-moi” 2019 de Fabien Reboul, un Vin de France qui a l’audace et le mérite d’associer les deux cépages valeureux que sont Carignan et Cinsault, vin que je compte servir autour de 14° de température car ici on a nettement l’impression que l’été se prolonge.

PS J’ai cherché ici sans le trouver le Spécial Vins du Point où, parait-il, mon ami Olivier Bompas a mis en valeur nos vins carignanisés. Lisez-le si vous le trouvez. Sinon, j’ai vu son article en ligne ici même.

Oh, là! V’là venir Turenne

28 Mar

Je reviens en séance de rattrapage avec cette bouteille d’un joli flacon du Languedoc gouté ce midi au petit Restaurant La Victoire, une de nos bonnes adresses de Béziers, tout au bas des fameuses Allées qui sont nos Champs Élysées bien à nous.

Photo©MichelSmith

Ce Grès de Montpellier 2017 est l’une des grandes cuvées de l’Abbaye de Valmagne, haut-lieu de notre histoire et de notre viticulture. Il s’agit-là d’un assemblage très Syrah (dont on sent le fruit), mais rehaussé de Grenache (25%) de Mourvèdre (20%) et de 5% de Morrastel. Toute l’originalité de ce vin réside dans cet apport discret de Morrastel qui, se liant à la finesse fruitée de la Syrah et à la chaleur du Grenache, sans oublier le côté un peu strict des tannins du Mourvèdre (absolument pas gênant en l’occurrence), va conférer une sympathique note presque rustique à l’assemblage. Une chose est sûre : le vin se goûte divinement bien en ce moment et il a de quoi tenir encore au moins 2 à 3 ans avec un service de préférence sur une belle volaille rôtie. Lorsque l’on connaît ce lieu incomparable de spiritualité qu’est cet ensemble abbatial cistercien fondé en 1139, on ne peut qu’adhérer.

Environ 16 € départ cave.

Photo©MichelSmith
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Une java à Montpeyroux

4 Sep

Faiez la java à Montpeyroux, ça vous dit ? Encore un village de l’arrière-pays, me direz-vous. Plus beau et plus peuplé que le Vailhan d’une de mes dernières livraisons (pour ceux qui suivent…), plus intéressant encore sur le plan viticole, car on me souffle que ce village serait sur le point d’accéder au titre suprême de cru et, qui l’eut crû, au rang de mes “grands crus” du Sud. J’attends cela depuis si longtemps…

C’étai un dimanche de fin avril dernier pour la 23ème édition de ses “Toutes caves ouvertes”, une journée vécue avec bonheur, verre à la main, dans un cadre fou ponctué de fanfares, de déambulations et de dégustations avec, en guise d’apothéose, le repas – classique, mais mémorable – pris en compagnie d’une bande d’amis et supporters du couple vigneron Désirée et Sylvain Fadat. Au menu : pieds et oreilles de cochon ramenés et cuisinés par les parents de Désirée venus d’Espagne tout exprès pour l’occasion, le tout agrémenté de quelques vieux magnums de Carignan surtout pas gnangnan, cépage qui contribue largement à la renommée de ce territoire gagnant.

Pieds de cochon et beaux flacons pour les amis ! Photo©MichelSmith

Quand je le vois venir de loin en remontant l’A75 vers Millau et Clermont-Ferrand, lorsque je sens se rapprocher les Cévennes et le Larzac, je sais que je suis un peu chez moi. Et quand, passé la Thongue, je me rapproche peu à peu de son ventre – la place de l’Horloge – et que je vois pointer le poing du Mont Baudile couronné d’antennes, j’ai des envies de java… de jaja aussi. On pourra relire ce que j’écrivais déjà en 2010 sur la démarche opérée alors, avec le soutien de l’excellente Cave Coopérative de Montpeyroux, par les meilleurs vignerons du village en vue de réclamer un cru, droit qui avait déjà été octroyé au bon vieux temps des VDQS. Je trouve tout à fait louable qu’une armée de vignerons, plutôt que de s’en tenir, en égoïstes, à la seule notoriété de quelques domaines, rassemble ici les forces nécessaires afin de se distinguer sur le marché du vin en adoptant le nom de leur commune, à l’instar de Pommard ou Margaux. Cette décision passée qui laisse désormais espérer un cru Montpeyroux pour 2023/2024, se justifiait encore plus à l’époque face au dynamisme de la toute nouvelle et assez vaste appellation Terrasses du Larzac (32 communes !) qui, depuis, a renforcé son aura de cru hautement recommandable chez les sommeliers comme les critiques. Il est ironique de souligner le fait que les vignerons de Montpeyroux, pourront finalement, selon les parcelles qu’ils cultivent, proposer une gamme riche de trois identités : LanguedocTerrasses du Larzac et Montpeyroux, sans parler de plusieurs IGP (Oc, Mont Baudile, Saint-Guilhem-le-Désert…). Je m’avance un peu, beaucoup même, mais à mes yeux l’appellation risque fort, à terme, de devenir le “phare” des vins du  Languedoc. Certes, l’ambition en ce cas peut paraître quelque peu démesurée… mais pourquoi pas ? À Montpeyroux, rien d’impossible !

King Sylvain ! Photo©MichelSmith

À suivre, les quelques vins – les plus en forme ce jour-là – que j’ai pu retenir lors de cette déambulation par moments folklorique. Je n’ai pu tout goûter, faute de temps et par manque d’ardeur peut-être. Les vins sont présentés dans l’ordre de mes dégustations et vous pourrez sans mal, en quelques clics de recherche sur Internet, en savoir plus sur chaque domaine. Commencez donc par les retrouver listés ici dans leur totalité.

Domaine d’Aupilhac

L’un des plus réputés du Sud de la France, premières cuvées de Carignan en 1989, première médaille d’or l’année suivante, en bio depuis fort longtemps, ce domaine tient grâce au dynamisme du couple Désirée et Sylvain Fadat. On peut considérer que tous les vins sont d’un excellent niveau. En voici quelques-uns.

-Le Gris 2021, Vin de France composé de Clairette rose, de Carignan et de Grenache tous deux gris, est un très joli vin dodu, mais structuré et d’une longueur notoire. Autour de 13 €.

-Le Cinsault 2020, Vin de France, après 14 mois d’élevage en petits foudres, est un modèle de finesse en rouge, non dénué de densité et de matière. Autour de 17 €.

-Aupilhac 2019, Languedoc Montpeyroux gaillard au possible, élevage de 30 mois en petits foudres et barrique usagés, est en plein sur la fraîcheur, profond, garrigue et terre chaude, sur tannins finement boisés. L’exemple du cru. Par expérience, je sais qu’on en a pour 20 ans de garde minimum ! 17 €.

-La Boda 2018, Languedoc Montpeyroux, assemblage des Cocalières, amphithéâtre volcanique sur roche calcaire, et d’Aupilhac, éboulis sur marnes bleues, rouge vinifié et élevé 30 mois en cuves tronconiques, encore replié sur lui-même, matière serrée, bien droit, poivré et long en bouche. Environ 35 €.

-Le Clos 2019, Languedoc Montpeyroux principalement issu d’un secteur de marnes bleues, toujours 30 mois de fûts, est un peu, cépages mis à part, le Petrus du Languedoc. Une cohabitation entre Mourvèdre et Carignan, avec une petite place pour la Syrah. Nez où l’on sent l’élevage en fûts avec un accent de garrigue estivale. Belle densité, profondeur, droiture, tannins magnifiques, c’est un grand vin de garde, 30 à 40 ans au moins ! Environ 50 €.

Domaine Alain Chabanon

Toujours aussi haut classé dans l’esprit des amateurs, il est intéressant de suivre cette cave dont l’expérience n’est plus à remettre en cause.

-L’Esprit de Font Caude 2016, Languedoc Montpeyroux, toujours aussi exemplaire, est un rouge armé d’un fruit magnifique, très précis, long en bouche, ample et profond, tout en restant marqué par des tannins en beauté qui augurent d’une belle garde. J’ai goûté pas mal de vins d’Alain lors de Millésime Biocommentaires à lire dans ce lien. Environ 35 €

Les filles (sœurs ?) d’Amile. Photo©MichelSmith

Mas d’Amile

Ce petit domaine tenu par Amélie et son frère Sébastien ne cesse de progresser au fil des ans avec, en particulier, deux cuvées de cépage unique.

-Terret blanc 2021, Vin de France produit depuis 2014 en petite quantité (800 bouteilles en 2021) cette version est dynamique en bouche, pleine, presque suave (légères touches de sucre résiduel), avec un côté majestueux. Garder au moins 5 ans avant de l’attaquer sur des pâtes aux champignons. 18 €.

-Le Petitou 2020, aussi joyeux que son étiquette le laisse deviner, est un Terrasses du Larzac rouge bigrement attachant, en plein sur le fruit et prêt à boire frais. 9 €.

-Vieux Carignan 2017, IGP Saint-Guilhem-le-Désert, un petit hectare, un an d’élevage en barriques usagées : nez particulièrement beau ainsi qu’une sacrée amplitude en bouche. En bon vieux pionnier, je célébrais ce vin (version 2008) il y a une douzaine d’années dans le numéro 28 de Carignan Story ! 16 €.

Domaine Terre de Feu

Un couple charmant que Katherin, l’Allemande et Gonzalo Amigo, l’Argentin, couple qui se trouve à la tête de 7 ha travaillés en bio depuis 5 ans et sur lesquels je fonde plein d’espoirs.

-Glace 2019, IGP Pays d’Oc, est un blanc remarquable d’expression fruitée et d’éclat en bouche. 12 €.

-Tout Flamme 2019, Languedoc Montpeyroux, rouge plaisant d’assemblage classique (sans le Mourvèdre), est plein de largesse et de sourire, le tout dans l’amplitude et la longueur. 12 €.

Domaine Flo Busch

Un autre couple très prometteur, Paola et Florian – lui est passé de la Moselle jusqu’au Domaine d’Aupilhac – partage leur temps entre la vigne et les plantes aromatiques. Bio et biodynamie, vins ni filtrés, ni collés, j’avoue que leurs vins ont quelque chose de passionnants.

-Heureux qui comme… 2020, Vin de France. Sur sols de marnes bleues et jaunes avec fossiles et dépôts de grès, ce rouge Carignan et Grenache noir en partie élevé en barriques, se remarque surtout par un bel équilibre et une longueur de bon aloi. 15 €.

-Pointe du jour 2020, Vin de France associant Syrah et Carignan. Superbe impression de matière enrobée de velours avec beaucoup de charnu, de rebond et de longueur conduisant à une belle finale. À suivre. 20 €.

Villa Dondona

Une maison au sein du pitoresque Barry (l’ancien village) et une cave près de la coopérative, tel est le petit monde de Jo Lynch et d’André Suquet dont la vie s’articule autour d’une superbe vigne de 8 ha au-dessus de Montpeyroux. Que de belles surprises !

-Esperel 2015, Landuedoc. Un très jovial blanc (Roussanne, Marsanne, Vermentino, Grenache blanc), très rafraîchissant, bien structuré, plein, précis et long en bouche.

-Chemin des Crayades 2019, IGP Saint-Guilhem ici consacrée au seul Carignan, c’est droit, bien encadré par les tannins souples, belle tenue, longueur. Peut encore tenir 5 ans.

-Que du Grenache 2019, IGP Hérault. Ici on a l’élégance du Grenache noir cueilli à point, fraîcheur bien présente, souplesse alerte, longueur, finesse en guise de fin. Un petit régal, sans trop attendre.

-Dondona 2019 et 2020, Languedoc Montpeyroux. Le premier fort bien noté par sa présence, sa densité et sa largesse, le second mieux encore par l’extrême élégance de sa matière. Encore 5 ans pour ne pas gâcher l’esprit charmeur de ces bouteilles.

-Oppidum 2015, Languedoc Montpeyroux. Axé sur le Mourvèdre (majoritaire) et la Syrah, avec douze mois d’élevage en barriques, le nez est à la fois fin et frais, notes de garrigue, belle attaque, amplitude, vif et charnu, voilà un rouge marqué par une très belle finale sur des tannins grillés. On peut encore attendre 5 à 10 ans, probablement plus.

Jo, dans tous ses états ! Photo©MichelSmith

L’Aiguelière

Après Aimé, puis Auguste Commeyras, c’est le jeune Antoine qui reprend fièrement ce domaine réputé longuement tourné vers la seule Syrah. La sixième génération de vignerons arrive avec quelques nouveaux vins sur lesquels il faudra désormais compter. Quand bien même faudrait-il aussi raccourcir la gamme pour plus de précision, notamment au passage en cru.

-Sarments 2020, IGP Saint-Guilhem-le-Désert, est un blanc que se partagent à égalité Sauvignon et Viognier. On sent du rythme, une forte et belle densité, ainsi qu’une légère et agréable amertume pour souligner la finale. 13 €.

-Côte Rousse 2019, Languedoc Montpeyroux, agréable rouge Syrah/Grenache, un peu lisse d’aspect, plutôt facile, tannins comme adoucis, prêt à boire. 8.000 bouteilles. 23 €.

Côte Dorée 2019, Languedoc Montpeyroux. Avec 4.000 bouteilles, je dois admettre que cette pure Syrah est resplendissante : matière riche et abondante, épatante structure tannique, longueur, c’est un grand vin de garde, pour dix ans, voire plus. 23 €.

-Anthénor 2020, Terrasses du Larzac. Il doit y avoir une erreur d’appellation que je n’ai pas relevée lors de ma dégustation, car ce pur Cabernet Sauvignon au nom d’Anthénor, le grand-père d’Antoine, vin tiré à un millier d’exemplaires, ne saurait être en AOP et ce, même si cette cuvée, moelleuse et portée sur le fruit, avec de jolies notes cacaotées et des tannins bien dessinés, attire les dégustateurs. 58 €.

Voilà, c’était la Java de Montpeyroux !

Michel Smith