Mes vins, mes humeurs

Le vin offre bien des aspects : tantôt il fascine tout enrobé de « mystères » qu’il est, tantôt il est adulé par des gens qui se disent « connaisseurs »; il excite la curiosité des vrais « amateurs » (dans le sens pur du terme) curieux de découvertes et avant tout sincères dans leurs approches; le vin-alcool énerve aussi certains, ceux qui se sentent sensibilisés par des problèmes de santé qu’il est en mesure de provoquer si on en abuse (« pas plus d’une coupe par jour », disent les plus ouverts !); il attire les gros bonnets de la finance et du show-business réunis; séduit les collectionneurs de flacons, les sincères autant que les frimeurs. C’est un peu navrant, mais oui, le vin intéresse ceux qui gardent et classent toutes sortes de choses : vieilles bouteilles vides ou pleines, vins d’un cru ou d’un millésime particulier si possible bien cotés et bien notés par les critiques afin de faire une bonne plus-value par la suite, s’ensuivent les collections de plaques (ou capsules) de bouchons de Champagne (placomusophiles), d’étiquettes (éthylabelophiles), les ouvrages, les carafes, verres, tire-bouchons, catalogues bref, les caves d’appartement, bref tout ce qui concerne le vin, le pinard, le jaja…

Du bobo citadin n’ayant de soif exclusive que pour le « vin nature » voire « naturel » ou même « vivant« , jusqu’à l’aimable, discret et fortuné investisseur qui ne jure que par les GCC (grands crus classés) hors de prix, tout en passant par le défenseur ardent du « pauvre » vigneron indépendant et intègre façon « la veuve et l’orphelin« , lequel trouvera encore douteux que l’on puisse aimer le vin d’une coopérative, chacun a sa vision du jus de la treille fermenté. Ah, j’oubliais l’amateur intégriste qui ne supporte pas le vin de négoce synonyme, selon lui, de grosse cavalerie, sans oublier ceux qui se soucient un peu trop de notre santé pour lesquels la sentence « à consommer avec modération » est un message encore trop doux, ils sont partout autour de nous à nous canarder, à nous saouler, parfois, cherchant à nous cerner, à nous pointer du doigt, à nous empêcher de boire en paix, en rond, en carré, à notre guise en réalité, comme on veut, quand on veut et où l’on veut.

Moi, sachez-le bien, je m’en fiche un peu des tous ces dogmes et dictats. En revanche, je suis rigide, un peu trop strict lorsqu’il s’agit du vin. Toujours le premier à pester dès que je remarque une faute ou un oubli sur la carte des vins d’un établissement, moi le pépé qui râle encore lorsque je me retrouve face à un verre mal lavé ou mal rincé, moi qui rugis dans les brancards quand le blanc est trop glacé ou si, par malheur, le rouge oscille entre les 20 et 30 degrés de température de service. Premier aussi à hurler quand le vin est trop cher, à crier au scandale si quelqu’un déguste à mes côtés en s’étant parfumé pour la circonstance… Alors, vous pensez bien, les tendances, les vogues, les modes, j’en ai vu défiler depuis que je m’intéresse aux choses du vin : celles de la Syrah et du Cabernet, des salons spécialisés où l’on se bouscule pour une lampée de nectar, celles des bars à vin ou des caves à manger, du prosecco et des pet’nats, des étiquettes « Gros nénés » ou « Petits rots ». Bref,  je ne cherche plus à me « situer », ni à l’ouest, ni à l’est, ni même au centre, je reste celui qui boit du vin, point. Ce qui me plaît (ou pas) est dans le verre et si le vin me fait vibrer, je n’ai qu’une hâte : rencontrer le vigneron(ne), voir et tâter du terroir, analyser, comprendre et me réjouir… le plus souvent.

Après tout, peu importe les griefs puisqu’au final, il ne reste que le vin, celle ou celui qui l’a mis en bouteilles, le Vigneron, et la terre qui a vu naître les vignes. Je ne représente que l’inoffensif Parti d’En Boire. Avec vous, je proclame haut et fort ce slogan « Pour le Vin » que j’ai fait mien depuis des lustres et que je partage volontiers. Oui, je le partage de bon cœur comme je le fais quand j’ouvre mes bouteilles de Cornas, Juliénas, Chénas, Gigondas, Chablis, Saint-Julien, Bandol, Collioure, Montlouis, Margaux, Muscadet, Fiefs Vendéens, Jurançon, Patrimonio, Chianti Classico, et bien d’autres encore.

Tel sera le modeste manifeste de ce blog vineux. Un blog parmi tant d’autres.

Mais il sera, je l’espère, aussi complice qu’insolent.

Michel Smith

Voguez avec moi sur mes articles, n’hésitez pas à partager, à me faire part de vos remarques et, avant tout, buvez en paix et trinquez en ma compagnie !