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Finomania, la grande dégustation

4 Sep

Comme vous le savez, la Finomania est ancrée en moi pour de bon, et ce, depuis belle lurette ! Ce jour là, c’était en 2014, bien avant que ne se rapplique la grande dépression. Et j’avais éprouvé l’envie de rassembler chez moi avec l’aide précieuse de quelques amis du Fino parmi lesquels Isabelle Brunet et Bruno Stirnemann, un maximum d’échantillons de vins de Jerez de la Frontera, de Sanlucar de Barrameda, de Puerto Santa Maria, sans oublier quelques flacons de Montilla-Morilles. Une journée de dégustation à la fois folle et sérieuse, à l’image du Fino, à deux pas du Centre du monde, la gare de Perpignan.

Bruno Stirnemann. Photo©MichelSmith
Bruno

Pour cette session, pas de cinoche « à l’aveugle » : les bouteilles étaient alignées par mes soins, mélangeant volontairement (la folie, vous dis-je) les trois appellations – Jerez, Manzanilla, Montilla-Moriles – sachant, je le rappelle, que la dernière D.O. est la seule, du moins dans la qualité Fino, à ne pas être mutée, renforcée à l’alcool si vous préférez. À charge pour moi, par la suite, de mettre tout cela en ordre et par écrit. En queue de dégustation, sept bouteilles d’un type Fino, certes, mais un vin élevé plus longtemps, flirtant avec le style Amontillado. Là encore, j’entends l’armée des puristes et spécialistes se manifester dans les rangs, mais nous autres, simples amateurs, n’avons rien trouvé à redire de cette manière de voir les choses.

Isabelle Brunet. Photo©MichelSmith
Isabelle

Cette dégustation n’est certainement pas parfaite. Pas d’étoiles ni de notations chiffrées, tant pis pour les amateurs de classements. Je sais, il manque des marques et cela ne plaira certainement pas aux aficións, donc pas la peine de m’en tenir grief. Vous ne lirez rien, hélas, sur l’Inocente de Valdespino, par exemple… la Quinta, le cheval de bataille d’Osborne et Coquinero d’Osborne également, le Fino Superiore de Sandman, le Hidalgo Fino d’Emilio Hidalgo, le Pavon de Luis Caballero, le Harveys Fino de Harveys, le Fino Romate de Sanchez Romate, le Gran Barquero de Pérez Barquero (Montilla-Moriles), etc. J’ai dû faire avec les moyens du bord ! Tous les vins de cette série titrent 15°. En gras, se distinguent nos vins préférés, nos coups de cœur. Pour ces premiers douze vins, les prix en grandes surfaces, comme chez certains cavistes en Espagne, oscillent entre 6 et 8 euros. Un seul est en dessous de 9 €, tandis qu’un autre est à 12 € en France. Bien sûr, tous les autres sont plus chers en France et ce n’est pas toujours justifié. Bref, pour ceux qui vont se ravitailler en Espagne, vraiment pas de quoi se ruiner ! À noter aussi que dans les bonnes boutiques espagnoles, beaucoup de ces vins sont aussi disponibles en demi-bouteilles, ce qui est un avantage pour préserver la fraîcheur du vin. Les bouteilles sont alignées : allons-y !

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– Muyfina, Manzanilla, de chez Barbadillo (bouchon à vis). Robe jaune pâle. Un goût cireux, étrange, poussiéreux, notes de vieux cuir… Puissant, gras et long en bouche mais sur une tonalité rustique. Dur, manquant à la fois de fraîcheur et de finesse.

Comportement acceptable sur des tapas : olives, anchois…

– Carta Blanca, Jerez, de chez Blazquez (distribué par Allied Domecq). Robe paille étonnement soutenue. Densité, profondeur, quelque chose d’inhabituel, rusticité, plus proche de l’oxydation que de la flor, avec des notes de caramel et (ou) de Pedro Ximenez. Très léger rancio en finale.

Bien sur des tapas genre tortillas. À tenter sur un fromage comme le Manchego (brebis) ou un Picón de Valdeón, persillé de chèvre et de vache.

– Tio Pepe, Jerez, de chez Gonzalez Byass (DLC Novembre 2014. Robe bien pâle. Nez de voile. Très sec en bouche, comme c’est annoncé sur l’étiquette. Le vin joue son rôle, sans plus. Il ne surprend pas. Simple et court.

Sans hésiter à l’apéritif sur du jambon, clovisses ou salade de poulpe.

– La Gitana, Manzanilla, de chez Hidalgo (bouchon à vis). Robe très pâle. Nez frais. Excellente prise en bouche, du nerf, de l’attaque, notes de fruits secs, bonne petite longueur qui s’achève sur la salinité.

Exquis sur de belles olives, beignets d’anchois, gambas, ratatouille froide.

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– San Leon, Manzanilla, des Bodegas Arguezo. Robe moyennement pâle. Nez pas très net, simple et rustique. Bouche réglisse et fumée.

Ça fonctionne sur le gras du jambon et sur le boudin noir de campagne.

– La Ina, Jerez, de chez Lustau. Robe pâle. Nez plutôt complexe sur la flor et l’amande grillée avec de légères notes de fumé. Belle amplitude en bouche, de la fraîcheur, du mordant, rondeur en milieu de bouche, finale sans bavures sur des notes salines.

L’apéritif presque parfait sur amandes grillées, olives pimentées, jambon bellota, lomo, chorizo, palourdes, anchois frais, sardines grillées…

– La Guita, Manzanilla, de chez Raneira Perez Marin (bouchon à vis, mise en bouteilles décembre 2013). Robe légèrement paillée. Nez fin et discret avec touche d’amande. Une vraie présence en bouche, ça frisotte, léger rancio, manque peut-être un poil de finesse, notes d’amandes salées en finale. C’est bien foutu.

Plus sur des plats de crustacés, langoustines, crevettes, etc.

 El Maestro Sierra, Jerez, des Bodegas Maestro Sierra (Mise en bouteilles en avril 2014). Belle robe pâle. Nez fumé. Dense, ample et riche en bouche, un poil rondouillard, mais bien fait dans l’ensemble.

Apéritif, certes, mais le garder pour un plat de poisson au four, ou pour un plat de morue, une omelette de pommes de terre ou de champignons.

Photo©MichelSmith
Photo©MichelSmith

– Fino Electrico, Montilla-Morilès, de Toro Albala (12 € pour 50 cl. Diffusé par Valade & Transandine chez Soif D’Ailleurs à Paris) Robe pâle. Nez fruité, élégant, notes d’amande fraîche et de fumé. Finesse en bouche, impression de légèreté, complet, finale sur la longueur.

« Une bouche à jambon », quelqu’un. Oui, mais il lui faut un grand pata negra ! Quant à Bruno il le verrait bien sur un turbot. Et pour ma part, je lui propose une brouillade de truffes !

– Puerto Fino, Jerez, de Lustau (élevé à El Puerto Santa Maria). Belle robe légère. Très complexe au nez comme en bouche : notes de fougère, amande fraîche, écorce de citron, iode, silex, épices, vieux cuir, volume… on sent que ce fino est associé à une vieille réserve de type solera tant la longueur le maintient en bouche avec toute sa richesse. Les critiques le propulsent « Roi des Finos » et ils n’ont pas tort.

Un grand apéritif de salon, parfait pour réfléchir aux choses de la vie au creux d’un profond fauteuil. Un bon robusto de Cuba, genre Ramon Allones, pour les inconditionnels du cigare. À essayer aussi sur une cuisine asiatique, Thaï ou Coréenne. Sur une huître tiède à la crème ou sur une mouclade légèrement crémée et épicée.

– Papirusa, Manzanilla, de Lustau (Bouchage vis, aurait dû passer à mon avis avant le précédent). Si je ne me trompe pas, le fino a pour base une solera moins âgée que pour le Puerto Fino. Belle robe blonde. Parfaitement sec en bouche, c’est propre, net, élégant, fraîcheur évidente, salinité bien affirmée, un régal de précision, une touche animale pour finir, genre vieux cuir. Finale exemplaire où le goût du vin reste en bouche pour longtemps. Difficile de dire, en tout cas pour moi, si c’est ce vin qui l’emporte sur l’autre. Question de goût. Toujours est-il que c’est un formidable rapport qualité-prix !

Là encore un vin de cigare, plutôt celui de la fin de matinée. Doit être à l’aise sur de gros crustacés, genre homard thermidor, surtout si on ajoute un peu de fino dans la cuisson. Sinon, parfait pour le jambon de qualité, les fritures de poissons ou de calamars.

Solear, Manzanilla, de chez Barbadillo (Bouchage vis, DLC Avril 2015). Belle robe blonde et lumineuse. Nez discret et fin. Bouche fumée, fraîche avec des notes de fruits cuit (abricot). Un fino assez classique, voire simple et qui s’oxyde assez vite. Il ne fait pas l’unanimité.

Sur des tapas : ailes de poulet, travers de porc, poivrons, sardines à l’escabèche, thon, maquereau.

Photo©MichelSmith
Photo©MichelSmith

– 3 En Rama, Jerez, Fino d’El Puerto de Santa Maria, de chez Lustau (50 cl). Blond de robe, fin de nez, exceptionnel de droiture, de finesse et de longueur en bouche, cette série fondée sur la mise en exergue des 3 zones d’élevages de l’appellation confirme la suprématie de Lustau dans l’art de la précision. La complexité en bouche n’est pas absente : noix, amande, touche de bois brûlé, on rêve de le marier à un saumon fumé de belle origine en gravlax. J’ai aussi pensé à un carpaccio de veau avec câpres, huile d’olive, une pointe de vinaigre balsamique et de généreux copeaux de vieux parmesan.

– Sacristia AB, Manzanilla, Secunda Saca 2013, d’Antonio Barbadillo Mateos (37,5 cl, 15°). Robe blonde sans surprise, mais nez surprenant au premier abord, presque moisi. À l’oxydation, le vin devient prenant, dense, entêtant au point qu’il finit par captiver l’auditoire. Huit jours après, il confine au sublime : on devine l’épaisseur, on sent le zeste de citron, le fumé, la salinité et la belle amertume qui vient souligner la finale. Il lui faudrait quelques blocs de maquereau cru avec des feuilles de basilic et des morceaux d’olives vertes et noires, mais là encore on pense au parmesan disposé cette fois-ci sur des asperges vertes légèrement poêlées et servies tièdes avec un filet d’huile de noix. Où alors on lui donne un jeune navet coupé en lamelles fines avec huile d’olive et truffe. Mais on songe aussi à un tartare de cèpes…

– Fino Una Palma, Jerez, Gonzalez Byass (50 cl, mis en bouteilles le 25/10/2013). Un autre monde pour cette palme (la marque repère inscrite à la craie par le maître de chais sur un fût qui se comporte particulièrement bien), la plus jeune d’une série de quatre. Dans ce cas précis, il s’agirait de 3 botas (fûts) assemblées, un Fino de 6 ans d’âge minimum. C’est plein, épais, riche mais bien structuré, rond mais avec ce qu’il faut d’acidité et de jolies notes d’amande grillées. Un très joli vin où l’on ressent la présence excitante de la flor ainsi qu’une longueur assez inhabituelle. Certains pensent au cognac et de ce fait au havane. D’autres évoquent une dégustation de chocolats de différentes origines. De mon côté, je penche pour un très léger curry de crevettes…

Photo©MichelSmith
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– Fino Dos Palmas, Jerez, Gonzalez Byass (50 cl, mis en bouteilles le 15/10/2012). Toujours cette belle étiquette ancienne sur un élégant flacon montrant une robe plus ambrée. Huit ans d’âge au moins, ce qui fait que l’on boit la puissance… Rondeur, intensité, l’acidité se distingue sur la longueur qui, elle même, est assez phénoménale. On boit, on parle, on boit et on reparle, on ne remarque même pas que le vin commence à être chaud depuis le temps qu’il attend son tour dans cette dégustation estivale. C’est un vin de repas, on en convient – Bruno le voit sur un turbot aux morilles -, mais c’est aussi un vin de fauteuil, un vin de méditation.

– Fino Tres Palmas, Jerez, Gonzalez Byass (50 cl, mis en bouteilles le 18/10/2012). Nous sommes sur des vins ayant passé 10 ans sous voile, ce qui est plutôt rare et même rarissime. Au premier abord, on pense à de vieux Château-Chalon. Le style Fino est encore présent, mais on devine quelques touches de rancio caramélisé en finale qui vient s’ajouter à des notes de noisettes grillées. Le vin fait causer. « C’est la mort de la fleur » lance quelqu’un en imaginant le voile qui se déchire et se désintègre petit à petit dans le fût. « Doré, soyeux et tendu en bouche », s’avance un autre dégustateur. Que faire avec ? Lire ? Écouter de la grande musique ? Sombrer dans un profond fauteuil ? Aimer ? Fumer un grand havane ? Contempler la campagne ou la mer, ou le ciel ? Bref, à vous de voir… Sachez qu’il existe un Cuatro Palmas qui est en réalité un très vieil Amontillado tiré d’une très vieille réserve…

– Pastrana, Manzanilla Pasada, La Gitana de Hidalgo. Pour ainsi dire très peu filtré et composée de vins deux fois plus âgés que ceux entrant dans la composition de la Gitana (voir commentaire plus haut), ce vin d’une seule vigne (single vineyard sur l’étiquette) était très mal placé dans notre dégustation. Bien que sa robe ambrée fut agréable à l’œil, je l’ai trouvé un peu éteint, mou, tandis que mes collègues de dégustation ont préféré utiliser le terme « discret ». Certains ont tout de même relevé des volutes de havane et des effluves de fruits secs. On a même envisagé un mariage sur l’huître !

Photo©MichelSmith
Photo©MichelSmith

Antique Fino, Jerez, Bodegas Rey Fernando de Castilla (50 cl). Une gamme de vieux Jerez dans toutes les catégories, voilà ce que propose ce négociant, à commencer par ce Fino luxueusement présenté. Je lui ai trouvé un nez légèrement bouchonné, tandis que d’autres, comme Bruno, ont relevé un nez complexe fait de rancio, de cognac et de vanille. Il l’a d’ailleurs examiné sous l’angle d’un digestif, tandis qu’Isabelle, en fait « son » vin de cigare ! Goûté de nouveau quelques jours après, le côté liège avait disparu pour laisser place à un vin que j’ai trouvé dur et massif, en tout cas pas dans l’esprit fino, même vieux.

Michel Smith

Quelques notes complémentaires et pratiques

-Absente de cette dégustation, il convient de noter la série « En Rama » de la maison Tio Pepe, plutôt Gonzalez Byass, dont le chef de cave, Antonio Flores, met chaque année en bouteilles une sélection particulière donnant lieu à un assemblage de finos pour ainsi dire à l’état brut (non filtrés) ayant passé cinq ans au moins sous voile dans deux chais réputés pour leur hygrométrie. Le souvenir de l’un d’entre eux, goûté il y a trois ans (chaque année, une nouvelle étiquette est copiée sur un modèle ancien) est encore présent… Il faut dire qu’il y avait un remarquable jambon à portée de doigts !

-À propos de la série des Palmas de Gonzalez Byass (voir plus haut), je recommande le récit d’une dégustation du même type organisée par le maître de chais de Gonzalez Byass à laquelle le journaliste Danois Per Karlsson (BKWine Magazine) a pu assister. Et puisqu’il faut tout de même de temps en temps causer prix, le 3 Palmas de Gonzalez Byass tourne autour de 30 € pour 50 cl quand on en trouve en Espagne, le 2 Palmas est à un peu plus de 20 € et le 1 Palma autour de 15 €. Il existe aussi un cuatro Palmas (Manzanilla) mais en Amontillado à près de 90 € (50 cl). Merci encore à Bruno Stirnemann de nous avoir offert ces vins de grande noblesse extirpés de sa cave.

-Dans le même genre d’idée, la maison n’est pas en reste, elle qui commercialise 3 versions de finos en rama, un Jerez (que nous avons dégusté plus haut), une Manzanilla et un autre Jerez mais d’El Puerto de Santa Maria. Compter près de 17 € pour 50 cl.

-Une boutique en ligne ? La plus sérieuse me semble être celle de Villa Viniteca, une institution à Barcelone, avec quelques raretés chères à notre dégustatrice Isabelle Brunet, comme les finos de l’Equipo Havazos hélas absents de notre dégustation. Bien qu’intéressés par tous les vins espagnols, les membres de cette équipe semblent avoir une prédilection pour l’Andalousie. Leur mission : détecter des pépites dans les caves du royaume, se les réserver, suivre leur élevage, puis leur mise en bouteilles, enfin leur commercialisation. Je vous avais déjà déterré quelques bouteilles ici même. Je me souviens d’une exceptionnelle Manzanilla Bota n° 32 qui fait encore frémir mes papilles de jouvenceau… Introuvable désormais, à moins d’un miracle ! Quelques raretés de cette fameuse équipe sont cependant en vente à la Maison du Whisky qui semble en avoir l’exclusivité en France.

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-Une boutique pas trop mal achalandée et proche de la France, le magasin Grau, en Catalogne, où je me suis largement servi en payant ma note, je le précise, au cas où certains auraient des doutes… Sinon, allez sur le site Univum où un large choix est proposé. Un autre site semble s’intéresser au Fino : Vino Iberico. Quant à Lavinia, pourtant partie de l’Espagne, son offre en ligne en France est plutôt décevante en matière de Finos.

-Enfin, un blog sérieux à consulter régulièrement si vous lisez l’anglais : le Sherry Notes du Belge Robert Luyten.

Fino, le vin fou

4 Sep

Étrange de ma part que de reprendre ainsi pour titre « le vin fou », un vieux slogan sorti de la maison Henri Maire (Jura), chantre, lui aussi, des vins élevés sous-voile. Mais voilà que cela fait bien 40 ans et plus que je suis adepte de ce type de vin. J’ose aussi dire que j’en abuse parfois. D’ailleurs, j’en ai toujours un ou deux flacons en veille (pour pas longtemps) au frigo et il m’a semblé utile de vous livrer un article écrit (bénévolement, je le souligne) pour le livre « La nouvelle épopée des vins oxydatifs secs » paru aux Éditions Trabucaire (Perpignan) sous la direction d’Alain Poirier. En allant vers le bas à l’aide de votre souris, je pense que vous pourrez tout lire. Sinon, écrivez-moi que je vous expédie le pdf.

Dos Amigos Andalous

4 Sep

L’époque où il suffisait de lever mon petit doigt pour recevoir une pluie d’échantillons de vins est heureusement révolue pour ce qui me concerne. Le seul hic, c’est qu’il faut que j’y aille de ma bourse pour picoler ! Comme mes compères de blog, fut un temps où j’organisais des dégustations que je croyais savantes en vue de parutions dans des articles pour revues plus ou moins solides, plus ou moins spécialisées. En ce moment, j’ai très soif d’Andalousie. Et par chance, ça tombe bien, car ces vins ne sont pas ruineux.

Au hasard de mes récentes commandes hispaniques, je pioche pour une fois dans l’appellation Montilla-Moriles qui donne, rappelons-le, à peu de choses près ce que l’on goûte du côté de Jerez sauf que le cépage n’est plus le Palomino mais le Pedro Ximénez et qu’à Montilla-Moriles, par décret, on ne mute pas les vins à l’alcool. On en a déjà causé ailleurs, donc je ne vais pas trop m’étendre et plutôt vous conseiller de revoir cet ancien article

De mes achats récents chez Vinissimus – rappelons que même si je les cite souvent, je ne cherche aucunement à faire leur publicité et que je paie mes vins, je retiens deux “coups de cœur”, deux vins, deux approches et deux plaisirs, deux différences de style, deux esprits que je me suis amusé à classer en deux catégories bien distinctes : le compliqué et le facile.

Photo©Vinissimus

Le compliqué

Fino Los Amigos de Perez Barquero

Bien que déclaré fino, mention qui chez moi sous-entend une approche franche et directe en bouche avec le coup de la joie instantanée en plus, ici, ça ne me la fait pas. Il a beau s’adresser “amicalement” à nos palais, Los Amigos ne me livre pas l’amitié franche, sincère et directe à laquelle je m’attends. Ça, c’était une première impression. Puis, une fois entamé, le vin a traîné quelque peu au frigo. En outre, vu son prix, j’avais acheté 3 bouteilles de ce vin, j’ai donc eu suffisamment le temps de l’évaluer. Première erreur, ne pas le servir trop glacé, car ce n’est qu’autour de 13/14° de température que le vin se révèle enfin : notes réglisse, c’est puissant, bien sec, avec un très joli fond concentré et torréfié. Étonnamment long en bouche, un rien langoureux, je le vois finalement comme le vrai complice qu’il promettait d’être, le vrai copain, surtout sur le fromage frais de brebis. Je l’ai particulièrement apprécié aussi en fin de repas, presque comme une liqueur que l’on s’offre alors qu’arrive le moment du café. 6,95 €.

Le facile

Le Fino CB d’Alvear

Photo©MichelSmith

Ayant fréquenté ce vin jadis lors d’un été de canicule où je le trouvais non seulement rafraîchissant, mais proche de l’idée que je me faisais alors – et que je me fais encore – d’un vin synonyme de vacances, vin de chance et d’insouciance, je retrouve avec le Fino de la marque Alvear tout le plaisir du vin d’apéritif et de début de repas. En dépit d’une ouverture parfois pénible (tête de bouchon un peu trop lisse qui nécessite une bonne poigne), on se retrouve ici dans un univers de franchise et de clarté, tout ce qui sied à un Fino. Le nez, d’abord : amande grillée, atmosphère florales d’orangers et citronniers. En bouche, c’est sec, bien sec et structuré dans l’élégance, mais c’est aussi complet, avec un fond salin rehaussé de notes fumées allant vers une finale anisée. J’en recommanderai volontiers, et ferai en sorte de le servir bien autour de 10° de température pour l’associer à toutes sortes de tapas pas trop pimentées, ou sur une entrée plutôt maritime. 6,76 €.

Michel Smith

Millésime Bio 2021 : dégustation privée.

3 Avr

Bon je ne vous fais pas de dessin : Covid oblige, le salon Millésime Bio 2021 de Montpellier que nous apprécions tous en temps ordinaires a opté cette année pour des rendez-vous cent pour cent digitalisés, What’s Up et autre Zoom, entre «exposants» et «visiteurs» ou bien, dans le même esprit, pour des contacts très directs par écrans interposés afin d’assister à des conférences «live». Désolé, mais pas trop pour moi.

En revanche, les filles (il paraît qu’il y a aussi des gars…) de l’agence Clair de Lune (à Lyon), qui s’occupent de la presse pour le salon, m’ont gentiment proposé de choisir une dizaine d’échantillons parmi les 520 vins médaillés par Sudvinbio, l’organisateur du salon et du Challenge Millésime Bio qui va avec. Ravi de pouvoir faire un choix en vue de cet article, je me suis concentré sur les 217 médaillés d’or de 12 pays. J’avoue que ce chiffre (217) m’a paru énorme. Face à l’inévitable dilemme du choix, je me suis souvenu d’une sage recommandation de Tim Atkin (Master of Wine, svp) qui me rappelait dans son blog, hélas je ne me souviens plus quand avec certitude, qu’il ne fallait en aucun cas attribuer de médaille d’or à moins que l’on soit prêt soi-même à acheter un carton du vin que l’on s’apprête à mettre à l’honneur. Sage remarque toute britannique.

Je me souviens moi-même avoir commis un (ou deux) billet furibard contre la bouffonnerie de certaines compétitions de vins. Et c’est pourquoi je rappelle en préambule, contradiction oblige, que je suis personnellement contre le cinéma – pour ne pas dire le cirque – des médailles que l’on distribue à tout va. Cette démarche toujours très en vogue, à mon avis, ne grandit pas le vin mais l’élève en produit purement, simplement et bassement commercial caché sous l’honorable prétexte de guider le consommateur. Éternel débat dans lequel je ne vais pas m’attarder. Étant plutôt de bonne humeur, pour une fois j’accepte l’idée qu’il est nécessaire de tout faire, surtout en période de crise mondiale, pour doper la vente de vin sachant que, par la force des choses, la médaille d’or garantit au minimum une augmentation des ventes de 30%, ce qui n’est pas négligeable pour un domaine. Tout cela pour dire que, pour une fois, je me plie au jeu des médailles.

Millésime Bio 2021 sous Covid ©MillésimeBio

Revenons à ma dégustation. Donc, je reçois les échantillons de médaillés d’or Challenge Millésime Bio 2021 à la maison, certains avec pas mal de retard (toujours ces satanés livreurs qui ne viennent que lorsqu’on ne les attend plus et lorsqu’ils ne sont pas annoncés) et j’arrive tout de même à aligner neuf flacons, un peu plus en réalité car deux domaines déjà connus de mes narines ont jugé bon de me faire une idée de leur travail sur d’autres cuvées. Un dixième échantillon venu d’Espagne étant arrivé hors délai, sera dégusté en dernier, en solitaire. Pour corser l’exercice, pour récompense aussi, je me suis autorisé d’ajouter à la fin deux magnifiques Cornas « Les Ruchets » que venait de m’adresser mon vieil ami Jean-Luc Colombo, vins sur lesquels je reviendrai prochainement.

Je vais donc vous présenter les 10 vins médaillés d’or dans le sens de la dégustation avec leur prix de vente TTC départ cave. Quels ont été mes critères ? Vu la quantité proposée – 217 médaillés d’or – je n’avais que l’embarras du choix. J’ai donc pioché un peu au hasard en prenant deux ou trois domaines déjà connus dans mon Sud d’adoption, puis à l’Ouest un blanc Nantais, un Libournais, un Loire avec bulles, un rosé de Béziers (ma ville de résidence), un Italien, un Espagnol, un Portugais… N’étant pas à l’abri d’une défaillance, pour m’épauler j’ai fait appel à mon ami et talentueux dégustateur-caviste Bruno Stirnemann. Après avoir réparti les vins classiquement (bulles, blanc, rosé, puis rouges) nous voilà partis pour une bonne heure de dégustation non aveugle, mais exempte en principe d’à-priori.

-Crémant de Loire 2019 brut nature, cuvée Ancestrale, Château de Passavant. Entre 13 et 14€

Estampillé Demeter, cet assemblage (chenin 60%, le reste partagé entre cabernet franc et chardonnay) d’un domaine réputé pour son travail exigeant ne nous a pas paru aussi expressif qu’il devrait l’être. Il manquait même à mes yeux d’une indispensable structure acide (un peu plus de 3g/l sur la fiche technique), affichant une rondeur inattendue et décevante. Une certaine franchise tout de même, une matière fournie et des notes croustillantes de pain grillé. Plus un vin de repas (sur un canard aux navets) que d’apéritif. Pour notre part, une médaille d’argent, mais pas en or.

-Muscadet-de-Sèvre-et-Maine 2019, Château de La Gravelle. 15€ environ

Lui aussi d’une attaque un peu mollassonne – est-ce le millésime ou la personnalité du terroir volcanique (gabbro) de Gorges ? -, le vin, bien que long en bouche, manquait de tension et d’expression à la première approche tandis qu’à l’aération, il se complexifiait singulièrement, offrant des notes florales sur une bouche ample et fruitée (poire blette) gratifiée d’une superbe finale. Après débat entre membres d’un jury, on lui aurait volontiers concédé une place d’honneur, mais pas d’or. Goûter sur des légumes en bâtonnets très légèrement cuits avec un aïoli plutôt léger.

-Coteaux de Béziers «Edena» 2020, Domaine Pierre Chauvin. 6,50€

En dépit d’un bouchage vis qui mérite un bon point, hormis quelques notes de fraîcheur et de noyau de pêche, ce vin ne dépassera pas à nos yeux le stade d’un rosé classique, sans autre ambition particulière que de satisfaire la soif des baigneurs attablés dans un restaurant de plage. De là à mériter une médaille d’or… Allez, le bronze à la rigueur.

-Terrasses du Larzac 2018 «La Villa Romaine», Mas des Quernes. 25€

Nez à fond sur les effluves de garrique après la pluie, la bouche se fait dense, profonde, marquée par des tannins d’une belle fermeté et une longueur estimable. Plus d’une semaine après, la bouteille entamée se goûtait rudement bien, reflétant indéniablement l’étoffe d’un vin de garde d’au moins 10 ans. En consultant la fiche technique, on n’est pas surpris d’apprendre que le mourvèdre (40%) s’impose sur un duo carignan/grenache de vieilles souches (moyenne de 40 ans), le tout vinifié parcelle par parcelle en petites cuves inox avant un élevage d’un an en barriques (très peu de bois neuf) par cépage et par parcelle, le tout assemblé en cuve 6 mois avant la mise en bouteilles. L’or ne fait aucun doute pour récompenser l’équipe de ce beau domaine d’une famille de vignerons-oenologues (Pierre et Jean Natoli) que j’ai visité avec bonheur à ses débuts pour ma rubrique Carignan Story. 

-Côtes-du-Rhône-Villages Massif d’Uchaux 2017, Domaine Vincent Baumet. 14,50€

On retrouve la garrigue mêlées ici à des notes dérangeantes de viscères animales, au mieux ventre de lièvre. La bouche est assez fluide, entachée par des tannins quelque peu ordinaires. On attendait mieux de ce grand terroir. Désolé, mais cela ne vaut même pas une médaille. Aux dernières nouvelles il ne resterait plus à la vente que des magnums de ce millésime. 

-Côtes-du-Roussillon-Villages Caramany 2017 «Comme Avant», Domaine Modat. 16,50 €

Il s’agit ici, selon Quentin Modat, de mettre en exergue le carignan, «comme avant» sans oublier pour autant les cépages «obligés» que sont syrah et grenache noir. Le carignan (60 %) est indéniablement responsable de la belle fraîcheur d’ensemble ainsi que du fruit «croquant», tandis que la Syrah (30 %) apporte son lot de tannins fins et soyeux. Nez de pierres chaudes, thym, romarin en fleur, c’est un vin complet, équilibré et fait pour durer au moins 5 ans, même s’il commence à se préparer pour une palette de cochon de Bigorre. Ayant un faible pour ce domaine qui faisait partie de mes préférés lors de mais années roussillonnaises, c’est plus que volontiers que je lui accorde la médaille d’or avec félicitations du jury ! Goûté dans la foulée, le 2018, un tantinet plus léger, résineux et boisé fin au nez, est d’ores et déjà prêt à boire sur une grillade de boeuf. Enfin, j’annonce ici la sortie prochaine (élevage 18 mois en barriques au tiers neuves) d’un super carignan remarquable d’élégance et d’équilibre tiré à un millier d’exemplaires (35 €). Bref, une valeur sûre.

Médaille méritée photo©MichelSmith

-Pomerol 2018, Château Bellegrave. 40€ environ

A 75% merlot, le reste en cabernet franc, 35 ans d’âge moyen pour les vignes, rendement de 42 hl/ha, élevage en barriques au tiers neuves puis d’un et deux vins, on distingue d’emblée l’impression de légèreté, j’ose même dire de facilité, imputable probablement à sa position juste après des vins sudistes en diable, mais plus vraisemblablement au terroir de graves caillouteuses, sable et argile, sur un socle riche en crasses de fer. En dépit de son prix et de sa notoire tendresse en bouche, c’est néanmoins un vin ravissant et de fort belle tenue : boisé noble, juste et plutôt discret sur des notes de maturité, fruits rouges et fraîcheur, avec un fond tannique assez dense en bouche. On peut commencer à l’ouvrir d’ici 3 ans sur un classique carré d’agneau accompagné d’une poêlée de cèpes. Médaille méritée !

Alentejano 2018, Touriga Nacional «HDL». Helena Ferreira Manuel. 13 € environ

Assez joli nez de petits fruits rouges (framboise, cassis), poivré et boisé, ce vin dit «vegan» nous convie à une bouche plutôt tendre malgré un encadrement presque rigide de tannins sans grande complexité. On le boira sur des côtelettes d’agneau ou de porc, mais je note que l’or est ici un peu trop généreux pour un vin auquel on attribuerait de l’argent plus par générosité qu’autre chose, tandis que s’il ne s’agissait que de moi, il n’aurait que le bronze.

Médaille de coeur...Photo©MichelSmith

-Amarone della Valpolicella Classico 2016, La Dama. 40 € environ

Ma dernière dégustation sérieuse de ce vin spécial remonte à 1997 ! Et ce sont les maisons Gini et Allegrini qui m’avaient le plus impressionné durant Vinitaly de cette année-là où j’avais, pour une fois, accepté de faire partie d’un impressionnant jury. Je suis de nouveau conquis par ce vin qui m’accompagnera par petites doses sur plusieurs jours après la dégustation. Grappes triées conduites en pergola véronaise de corvina (70%), rondinella (17%), corvinone (10%) et molinara séchées par ventilation une centaine de jours jusqu’à perdre 40% de leur poids, fermentation lente sur 30 jours, élevage de 36 mois en foudres et repos d’un an après la mise (8.500 bouteilles), le vin en impose en bouche (il titre 16,5°) sans pour autant que l’on ressente la moindre violence. Quelques petits tannins bien mûrs, une belle acidité en milieu de bouche, longueur par la suite, le tout conduisant vers une finale en douceur sans que l’on ait la sensation de sucré mais en allant plutôt vers une belle impression de gelée de fruits rouges, groseille et cerise en tête. On dit qu’il faut le garder 15 ans, mais je l’apprécie dès maintenant sur de petits toasts de viande des grisons avec quelques baies de poivre rose. Mais selon Bruno, il y a tant d’autres mariages en vue !

Bien, mais…

-Tempranillo, Bodegas Parra Jiménez. 6€

Outre qu’il nous vient de la Mancha, ce pur cépage tempranillo se présente bouché vis (encore un bon point), certifié Demeter, donc biodynamique, vegan et sans sulfites. Arrivé bien après notre dégustation, il a donc été goûté plus tard et en solitaire cette fois-ci. Un beau jus à la robe violine, plein de fruit (fraise, pruneau) en bouche, tannins veloutés et chocolatés, presqu’à la manière d’un Beaujolais Nouveau, c’est-à-dire simple, sans longueur, sans rien d’autre qu’un jus agréable à boire frais en été sur une cuisine de barbecue.

Si j’ai bien compté, sur 10 médaillés goûtés, nous arrivons à 4 vins dont la médaille d’or me semble amplement méritée. Bien sûr, un autre duo de dégustateurs en aurait à coup sûr trouvé plus… ou moins. C’est toute l’ambiguïté de ce genre d’exercice qui, tout de même, nous a permis de passer un agréable et studieux moment – et sans masque!

Michel Smith

Le Vin de l’Adieu

23 Fév

Il arrive qu’un ami nous quitte, comme ça, sans rien dire.

Un copain de bistro nommé Eric, un camarade parisien exilé dans ce Sud profond…

Robe vieil or ou bronze aux multiples reflets joyeux, le verre tournoie et vient égayer la table de travail pour évoquer le souvenir d’un copain.

A portée de l’œil, proche du nez, pas loin de la bouche, le vin de chenin, l’Anjou, l’ange et le vin, l’Angevin, celui qui balise le chemin, le ch’nin du voyage, le vin de l’adieu, celui qui brille et que l’on trinque plus d’une fois, que l’on boit en pensant à ce personnage mystérieux, chaleureux, cet ancien, Eric, fidèle et courageux compagnon du café à la terrasse animée donnant sur la place des Trois Six.

Le Quarts de Chaume presque éternel, celui d’une grande année et d’un domaine angevin qui fut exemplaire, le sublime cru de lumière et de clarté, une de ces bouteilles que l’on n’oubliera pas de si tôt.

Michel Smith

La galette (ou la coque) au vin de Paille

5 Jan

C’est l’Épiphanie ! Oui, vous savez le coup des rois mages en folies, la galette, la fève, la couronne et tout le toutim. Non pas les Rois Mages en Galilée de la jolie (question de goût) petite Sheila, robe en kilt, couettes et cætera, du moins en ce qui me concerne, mais c’est en tout cas le moment, après Noël et le jour de l’an neuf, de célébrer à nouveau une fête bien chrétienne dans une république bien laïque actuellement soumise à une forte ébullition électorale.

Photo©Michel Smith

Seul un bon vin, un vin adéquat bien sûr, un vin éblouissant, un vin d’élévation et d’éducation, sans oublier une belle et fine galette beurrée et frangipanée avec tout le raffinement pâtissier, une sublime gâterie tranchée ensuite soigneusement en autant de parts que nécessaire, pouvaient me réveiller et déclencher en moi cette envie subite, avec ou sans couronne, de partager un instant le pur bonheur d’être ou de ne point être sacré roi. Notez que chez moi, à Béziers comme dans tout le Midi, la galette est remplacée par une coque des rois, sorte de brioche parfumée à la fleur d’oranger et coiffée de quelques fruits confits.

Photo©MichelSmithh

Pour célébrer, un tour d’exploration en cave s’imposa. Et que vis-je malgré la pénombre ? Un flacon esseulé, petit, certes, mais dodu à souhait qui n’attendait que mon regard et l’élan de mon bras pour être saisi. Je tombai donc sur cet adorable mini clavelin de 35 centilitres nommé Arbois, mais encore et surtout “Vin de paille”, qui plus est signé Rolet, la plus belle maison du Jura avant celle de l’illustre Henri Maire et ici rehaussée du millésime 2003, pas si vieux, pas si jeune non plus. En trois ou quatre tours de main, je tirai l’impeccable bouchon et je servai dans ma coupe quelques lampées d’un divin vin couleur châtaigne, fier de ma trouvaille et certain d’avoir opté pour “le”, l’indéniable, l’indiscutable mariage, le choix de circonstance.

En fait de circonstance, ce fut tout simplement Byzance ! Au point que je ne pris même pas la peine de prendre de notes, assailli que j’étais par les senteurs qui émanaient du verre. Vous imaginez un peu ce que 35 centilitres d’un jus poisseux mais fin, étonnement frais, délicatement empreint de raisin confit, de poire curé cuite et de coing réduit en pâte, peuvent remuer de souvenirs, un peu comme si j’étais en visite dans un vieux grenier viticole de Vénétie. Vous pensez bien que ce vin aussi inhabituel qu’unique fut englouti sans cérémonie. Ayant raccompagné mes deux amis, je ne fus surpris qu’à moitié d’avoir laissé un très léger fond dans cette belle bouteille de taille réduite. Quelques heures plus tard, en s’épanouissant, ce vin était devenu digestif et ne chancelait nullement : sa « sucrosité » laissait place à une acidité éblouissante, il était prodigieux et, en une lampée, avalé les yeux fermés, il me pénétra et m’emporta en un délicieux sommeil de sieste. 

Michel Smith

PS En gros, voilà la fiche technique de ce vin : Savagnin et Chardonnay surtout, sans oublier 20 % de Poulsard, que de belles grappes séchées six semaines environ, puis pressées délicatement pour une lente fermentation jusqu’à 16° avec, pour finir, trois ans d’élevage en fûts de chêne. Le millésime actuel en vente au Domaine Rolet Père et Fils, le 2015, est autour de 180 € pour six jolis petits flacons.

Mon Madère de voyage

7 Déc

Hourra, je fiche le camp, je décolle, je file, je vole ! Destination l’inconnu, un caillou volcanique quelque part dans l’Atlantique. C’est mon premier voyage hors de nos frontières depuis de longues années, le premier qui me mènera aussi loin puisque, au moment où je ponds ce texte, je serai bientôt quelque part dans l’archipel des Açores, sur l’île de Sao Miguel plus précisément. Je sais qu’il y a deux ou trois vignes au moins sur l’une des neuf îles qui composent cette province autonome portugaise, mais comme je ne suis pas certain de pouvoir goûter les vins, je veux célébrer à ma façon tout en vous recommandant un de ces grands vins dont s’honore le Portugal, un vin presque aussi connu – si ce n’est autant – que le Porto.

©MichelSmith

Tout en pliant mon sac, j’ouvre un Madère fort joliment “madérisé”- c’est le cas de le dire -, un 5 ans d’âge de belle facture, œuvre de la bien connue maison Henriques & Henriques : un vin bronze pâle aux reflets lumineux qui titre 19° et qui se veut franc et vif d’attaque, vin importé en France par la société Dugas. La mention “Finest Dry Seco” (à opposer au “Full Rich Reserve”) bien en vue sur l’étiquette me l’a fait choisir en me disant qu’après tout cela faisait des lustres que je n’avais sniffé, bu et sifflé un flacon de vin de Madère. À moins de le commander en direct chez Dugas, vous le trouverez chez un bon caviste aux alentours de 20€ le flacon. Grâce à ce vin suggéré par l’ami Bruno Stirnemann, je sais par avance que je vais pouvoir m’éclater à la prochaine commande avec un autre variant, un “Medium Dry” de 3 ans à 19 € chez mon caviste du Nez dans le Verre basé à Pézenas.

D’abord, il y a ce nez complexe et fin d’essences et goudrons boisés ; en bouche, on sent l’exemplaire volupté du vin, sorte de voile mystérieux qui enrobe une structure puissante armée d’arômes d’écorces émanant de toutes variétés d’agrumes, notes qui en plus du noyau de l’abricot, font penser au quinquina de nos grand-mères ; cette brise légère, dont la beauté est accentuée par diverses épices, va balayer la bouche d’une large gamme fruitée, sans pour autant la fouetter, et va laisser un fond de liqueur concentrée se développer autour d’un raisin proche du muscat sec et de la pêche bien mûre, goût qui s’abandonne progressivement sans réellement se décider à quitter la bouche ; signature ultime et distinctive, cette finale révèle enfin toute la fraîcheur du vin, une qualité que l’on doit surtout à la précision et à la noblesse de l’amertume qui persiste longuement au palais sans l’assommer comme on pourrait le redouter. Avec ce vin, on a l’impression de partir pour un périple au long cours. Et ça me va bien.

©MichelSmith

Cette même satisfaction, je l’avais ressentie plus tôt avec une version pourtant considérée comme « ordinaire » (voir les deux photos plus haut), un Madère « de cuisine » de la même maison dont la fraîcheur réjouissante, ainsi que la tenue exemplaire, m’avaient en son temps régalé allant jusqu’à me forcer, en la circonstance, à allumer un de mes derniers Cohiba. Alors, pour un prochain rendez-vous, Madame, la chose est bien entendue : vous m’offrez le havane et j’arrive avec le madère ! En tout cas, c’est mon souhait et c’est tout ce que je vous souhaite à vous qui restez dans le gris moite et frémissant de l’hiver.

En attendant le prochain mariage Cuba-Madère, je m’en reverse volontiers une lichette…

Michel Smith

Le Rancio, c’est pas un rigolo !

12 Nov

Pour une fois, je vais vous jouer cool, pondre un truc sans esbroufe, sans emphase, sans phrases savantes. Quelque chose de pas trop docte non plus, du moins je l’espère, comme un papier qui voudrait utile, destiné aux vrais mordus du vin, aux passionnés, aux inconditionnels, à ceux qui savent s’abandonner, bref, aux honnêtes hommes (et femmes) dont l’esprit est grand ouvert sur le monde du vin et ses mystères.

Brigitte Verdaguer, Domaine du Rancy. Photo©Michel Smith
Brigitte Verdaguer, Domaine du Rancy. Photo©Michel Smith

Pas d’explications trop ardues, juste un peu de rêverie, de poésie teintée de méditation. C’est le style du vin qui l’impose. Car celui dont je vais vous causer n’est pas fait pour les beuveries entre amis. Il s’agit plus, à mon avis, d’un vin de solitaire. Un vin à détacher du repas. Même s’il est difficilement contestable sur les fromages, parfois aussi au moment du dessert, ce type de vin que l’on sirote en fermant les yeux est plus pour moi un vin de réflexion à humer dans la pénombre d’un salon, dans la profondeur d’un fauteuil en cuir avec pour proximité le crépitement d’un feu de bois et, pour accompagner le tout, les volutes d’un havane qui se mêlent avec tendresse au piano d’un Samson François naviguant entre Liszt, Chopin et Ravel. Ou d’une troublante Maria Callas dans la Norma de Bellini. Mieux encore, il a beau être fait pour des plaisirs solitaires, ce vin que l’on nomme « rancio » ou « ranci » en catalan comme en français, qu’il soit sec pur et dur, ou pas trop, n’exclut pas cependant qu’il soit présent dans les ébats érotiques tant il a le don de vous coller à la peau, tant il suinte en vos veines, tant il exhale des parfums mystérieux et autant de voyages orientaux…

Collioure, oùl'on sait faire du rancio depuis des lustres. Photo©Michel Smith
Collioure, oùl’on sait faire du rancio depuis des lustres. Photo©Michel Smith

Tout d’abord, voyons ma définition : Sachant que « ranci » en Catalogne est aussi utilisé chez nous, de l’autre côté de la frontière, où les Banyuls, Rivesaltes et autre Maury sont plus souvent désignés sous le terme « rancio ». Peu importe le mot, les deux sont valables. Il faut savoir qu’en bon français le terme juste est « rance », mot qui, selon mon Larousse, s’applique à “un corps gras qui, au contact de l’air, a pris une forte saveur âcre, à l’image du beurre que l’on aurait oublié dans son beurrier, ou d’un morceau de gras de porc qui aurait mal vieilli. On peut donc, en bon français, parler d’un goût de « ranci » puisque dans nos dictionnaires l’adjectif existe aussi quand on veut évoquer l’odeur ou le goût de ce qui est rance, sachant aussi que ce terme s’applique aussi plus familièrement à une personne qui aurait mal vieilli. Or, en matière de vin, c’est plutôt l’inverse qu’il faut rechercher : le goût d’un vin “à l’oxydation ménagée”, comme disent les pros, un vin qui aurait de préférence « bien tourné » qui aurait survécu tant bien que mal à un long combat avec l’air, mais qui pourrait aussi « mal tourner » dans certains cas hélas lorsque l’aspect ranci du vin est par trop désagréable, lorsque l’aboutissement de cette aventure contre l’air vire au piqué ou au déséquilibre. Dans ce dernier cas, on devrait plutôt parler de « vins occis », vins qui se seraient laissés mourir par l’air ambiant !

Parlons-en de son parfum. Le ranci embaume dès qu’il entre dans le verre. Il marque d’emblée son territoire, montrant de manière flagrante qu’il ne s’agit pas d’un vin conventionnel. Car ce vin est tout bonnement l’ancêtre de nos grands Banyuls ou Maury, l’ancêtre de l’avant mutage, de l’avant législation. Il est sec et « rancioté » et c’est ce qui importe le plus. À moins d’avoir pigé dès le départ, je soupçonne que vous vous demandez où je veux en venir ? Rien de tortueux, rassurez-vous. Je souhaite simplement vous entraîner aujourd’hui au pays qui est devenu le mien par les hasards de la vie. C’est aussi le pays de Gérard Gauby, d’Hervé Bizeul et d’une flopée d’hurluberlus tous aussi curieux et cinglés les uns que les autres. Ce pays est la Catalogne, du moins la partie française de la Catalogne. Certains préfèrent entendre le nom de Roussillon, d’autres ne parlent que de Pyrénées-Orientales. C’est moins poétique, je le concède, mais quelque part plus exotique. Révisez donc votre histoire, moi, cela ne me regarde pas puisque je vois mon pays d’adoption comme un magistral trou du cul de la France riche d’une culture vinique à faire pâlir d’envie bien des vignobles plus tonitruants, notamment ceux de l’autre versant des Pyrénées. Mais passons, car l’important ici est de souligner l’hypocrisie de certains d’entre nous qui s’affirment « connaisseurs » et qui, finalement n’y connaissent pas grand-chose, ou si peu, à moins qu’ils n’oublient leurs classiques et qu’ils ne savent plus laisser parler leur cœur pour mieux s’ouvrir aux différentes approches du vin.

L'incomparable Rancio sec de la Rectorie, à Banyuls-dur-Mer. Photo©MichelSmith
L’incomparable Rancio sec de la Rectorie, à Banyuls-sur-Mer. Photo©MichelSmith

Je pense par exemple aux incultes qui osent dire que le rosé n’est pas un vrai vin ou que le vrai rosé doit se faire d’une manière et pas d’une autre. Et aux couillons qui ne rêvent que de grands crus en caisse bois avec la même force qu’il m’est arrivé d’avoir – en vain – en pensant qu’un jour peut-être Claudia Cardinale finirait tôt ou tard dans mon plumard… Mais ces gens-là ont-ils seulement entendu parler des rancios secs du Roussillon ? Ont-ils trempé une fois dans leur vie, voire effleuré de leurs lèvres le gras de ce vin mordant au possible ? Ont-ils su saisir ces longs moments de grâce où le vin pénètre dans le corps jusque dans les entrailles ? Ont-ils compris la claque ? Ont-ils saisi la jouissance ? Face à de tels vins, on a vite fait de faire le ménage autour de soi, d’évacuer les importuns. Le plus souvent, ils se contentent de placer avec dédain leur nez au-dessus du verre ventru pour le repousser illico presto sur la table. Bande d’ignares ! Incapables qu’ils sont de soulever la jupe de ces vins de bronze et de topaze revêtus du jeu subtil d’ombres et de lumières. La vraie révélation du Sud est bien là, et ils n’y voient que dalle !

Domaine Sire, un des rois du Rancio. Photo©Michel Smith
Domaine des Schistes, un des rois du Rancio. Photo©Michel Smith

Alors, voilà. La catégorie de vins dont je vais vous parler n’a rien à envier aux grands crus de Sauternes, du Jura ou d’ailleurs puisqu’ils sont résolument « à part ». Ce sont des vins « qui fouettent les papilles » comme le dit fort à propos l’ami Gérard Muteaud sur le site du Nouvel Obs dont je vous recommande la lecture.

Sire, Daguerre et Danjou, trois pontes du Rancio sec ! Photo©MichelSmith
Sire, Daguerre et Danjou, trois pontes du Rancio sec ! Photo©MichelSmith

D’abord, on pourrait dire d’eux que ce ne sont pas de vrais vins puisqu’ils vont à l’encontre de tout ce que l’on enseigne dans les cours d’œnologie. Depuis cent ans, on vous serine que l’air ambiant, l’oxygène, est l’ennemi du vin, les variations de températures aussi et la lumière pendant que vous y êtes. Or, reprenant une sorte de vieille tradition paysanne, le « vi ranci », comme l’ont dit ici, se faisait de manière empirique dans un vieux tonneau jamais rempli à ras bord dans lequel on rajoutait chaque année un peu de vin frais, celui que l’on ne vendait pas au négoce local et que l’on gardait pour soi. Il en résultait un vin pas toujours bon selon nos critères actuels, mais parfois miraculeusement fin, que l’on gardait pour les grandes occasions qu’offrait la vie familiale, mariages, communions, etc. Là, je vous parle d’une époque plutôt faste qui remonte aux années 1870 à 1970 où le vin ne connaissait pas trop la crise, en dehors le l’épisode du phylloxera qui dévasta le vignoble : 38.000 ha de vignes dans le Roussillon en 1820, 60.000 en 1907, 70.000 en 1931. Mais il paraît que la tradition est beaucoup plus ancienne, sachant que la vigne a toujours été présente dans le Roussillon en même temps que les cultures des céréales, là où c’était possible, et de l’olivier, bien sûr.

Photo©MichelSmith
Photo©MichelSmith

Souvent caché sous l’escalier ou dans une pièce non chauffée de l’habitation, ou bien encore dans un recoin du chai lorsqu’il y en avait un, parfois même dehors, sous un auvent – les caves étaient rares dans ce pays où le raisin se vendait à des sociétés comme Byrrh ou à des coopératives pour faire des vins mutés à l’eau-de-vie ou aromatisés – ce vin « perpétuel », quelque fois coiffé d’un voile microbien, prenait alors en s’oxydant et en vieillissant le goût étrange de la noix verte mêlé dans le meilleur des cas à quelques notes épicées et fruitées. Des goûts que l’on retrouve dans d’autres pays comme l’Andalousie où ce type d’élevage s’est sophistiqué au fil des temps pour devenir une industrie au service d’une appellation comme le Jerez, par exemple. En ce temps-là, on « éduquait » le vin plus qu’on ne le faisait.

Celui de Ferrer-Ribière. Photo©MichelSmith
Celui de Ferrer-Ribière. Photo©MichelSmith

Côté français, dans le Roussillon, ce goût particulier, celui qu’en Espagne on appelait le « rancio », n’était pas aussi apprécié, sauf dans les campagnes. Notre palais, surtout celui des villes, s’affinait et devait être plus sucré. Les industriels des apéros ont cherché à se débarrasser du sec et du rance en ajoutant de l’alcool afin de conserver les sucres du raisin. Ainsi naquirent les différentes appellations de Vins Doux Naturels qui  à l’époque réjouirent nos mémés et pépés, Rivesaltes, Banyuls et Maury en tête, suivis de toute la kyrielle des vins de marques destinés à l’apéritif, au « quatre heures » aussi. Précisons tout de même que la technique existait depuis le Moyen âge et qu’elle permettait tout simplement aux vins de voyager sans trop d’encombres.

Jean L'Hériritier et Marc Parcé, chevilles ouvrières du Rancio sec auprès de Slow Food. Photo©MichelSmith
Jean L’Hériritier et Marc Parcé, chevilles ouvrières du Rancio sec auprès de Slow Food. Photo©MichelSmith

Aujourd’hui,  il faut être fou et se casser la tête pour oser attendre 5 à 10 ans afin que le goût de rance, le fameux rancio, fasse surface et puisse être embouteillé pour être revendu à un prix conséquent. Il faut être cinglé pour exposer son fût à l’extérieur, lui infliger les variations de températures et les intempéries. Fou, parce qu’il y a de la perte (la fameuse part des anges) dans l’air et pas mal de risques à prendre : soit le rancio se développe de manière élégante et subtile afin de ne point trop heurter le palais des dégustateurs et c’est tant mieux, soit il imprime à un vin la limite repoussante, mais indélébile, quelque chose de vulgaire et de proprement imbuvable. L’autre gageure consiste à faire en sorte que la fermentation du jus de raisin se fasse totalement pour justifier le qualificatif de « sec », chose qui n’est pas évidente quand le taux d’alcool frise ou dépasse les 16°/17°. Pour ma part, il m’arrive de privilégier  certains types de rancios qui virent vers le demi-sec, donc pas tout à fait secs. Affaire de goût. Sur les roqueforts et certains desserts, ils sont incomparables, tandis que les secs peuvent jouer un rôle au moment de l’apéro sur des crustacés, des coquillages ou des anchois.

Le Rancio sec de la Préceptorie. Photo©MichelSmith
Le Rancio sec de la Préceptorie. Photo©MichelSmith

C’est pourquoi il convient de saluer l’initiative de Slow Food, association mondiale qui, sous l’égide de ses Sentinelles, et au début du millénaire, a remis au goût du jour cette production artisanale de qualité. Les cépages concernés sont les différentes variétés du Grenache (gris, blanc, noir), Carignan, Maccabeu. De là, une association de producteurs est née qui rassemble quelques domaines parmi les plus convaincus sous le nom de Rancios Secs du Roussillon. Peu ou prou, je rejoins mon ami Muteaud dans sa liste de favoris. Pour résumer, j’ai été impressionné ces derniers temps en priorité par les Frères Parcé, du Domaine de La Rectorie à Banyuls qui nous offrent un vin proprement divin, religieux, pur. Puis viennent le Domaine de La Tour Vieille à Collioure (« Mémoires », que je trouve d’un extraordinaire rapport qualité prix avec le « Cap Creus »). On remarquera ensuite des vins curieux comme ce « Ranfio Fino » (vin de voile) de Vial Magnères à Banyuls et dont j’aime aussi la cuvée « Al Tragou ». Autre vin semblable quoique plus discret, celui du Domaine Ferrer-Ribière, dans les Aspres. À ne pas négliger, le « Al Padri » de la Cave l’Étoile, également de Banyuls, probablement le moins cher, mais le plus rustique du lot. Avec le cépage blanc catalan Macabeu, il faut retenir les vins du Domaine de Rancy, à Latour de France. Pour le côté « solera » élevage particulier où les vins jeunes sont éduqués par les vins vieux en même temps qu’ils viennent les renforcer, il faut aller au Domaine des SchistesJaques et Nadine Sire font des merveilles aidés de leur fils Michael. Pour compléter la collection, ne pas négliger non plus l’un des noms les plus en vue, celui du Domaine Danjou-Banessy, qui offrait un 1980 d’enfer ! Je pourrais aller plus loin, fouiller de fond en comble le Roussillon des Aspres à la Vallée de l’Agly pour dénicher des vins, que dis-je, des trésors, à des prix défiant parfois l’entendement. Mais après tout, maintenant, c’est à vous de travailler !

Michel Smith