Archive | septembre, 2022

Un magnum pour se la péter à deux !

18 Sep

Sand, elle est chiante. Sandrine Goeyvaerts de son vrai nom, elle anime à elle seule – et pas de main morte – son blog La Pinardothèque (ou thek, c’est selon…) et c’est elle qui nous a demandé de tout péter pour cet énième VdV. Je crois la connaître : elle voudrait du beau bouchon de liège et je n’ai qu’une vulgaire capsule à lui proposer. Ah, les filles d’aujourd’hui…

#Vendredi du Vin #65 : Méfiez-vous, ça va péter !

Elle veut qu’ça pète à tous les étages et je n’ai ni Champagne ni Blanquette à la cave. Et point de crémant à l’horizon ! Elle veut du peinard, du tranquille, du sage alors que je pense Révolution et que je l’attends de pied ferme ce mouvement de rue. D’ailleurs, au départ, je ne souhaitais pas évoquer les bulles. Pour péter un plomb on n’a nul besoin de gaz. Alors, tout bien réfléchi, je me suis dit qu’une petite provoque de vieux bourgeois déconfit ne ferait de mal à personne. Comme évoquer le pet de nonne ou le pet de lapin associé à un verre de grand liquoreux, par exemple. Disserter sur le noble pet, en somme. Âmes sensibles, s’abstenir…

Voyant que tout le monde fonce dans le registre de la « moustille » et de la turbulence, je me sens obliger de changer mon fusil d’épaule. Et de ressortir mon vieux motto de parvenu gauchiste : « toujours péter librement dans un lit de dentelle et de soie avant de s’endormir ». Alors, puisque de toute façon je sens bien que ça va péter dans tous les sens, de tous les côtés et jusque dans tous les coins, vu que je ne suis pas du genre à tirer le premier, j’en reviens à un bon vieux magnum capsulé, le dernier qui me reste. Un OVNI, quelque chose qui ne vient ni de Champagne, ni d’Alsace, mais du bon, du brave Sud-Ouest, de Fronton même, autant dire du pays de cocagne. Roc’Ambulle, mixture de Mauzac et de Négrette vendue 13 € uniquement en magnum au Domaine le Roc, est un vin de France qui ne titre que 9,5 degrés. Un vin qui pétille et qui mousse. Un vin de fillettes pour certains frimeurs du goulot.

#Vendredi du Vin #65 : Méfiez-vous, ça va péter !

Oui, je sais que depuis que je l’ai découvert à Vinisud, là où les blogueurs et les journalistes ne restent pas plus de 24 heures, pour cause de séjour limité, généreusement offert par les autorités de tutelle, j’ai une fâcheuse tendance à vous en rabâcher les oreilles. Depuis, j’en ai acheté un carton, et pourtant je sais que ce n’est pas le genre de truc qui attire les foules initiées. Tant mieux ! D’ailleurs, les gens boivent ça d’une traite comme si c’était du cidre ou de la bière. C’est ma faute puisque c’est moi qui leur ai dit ça par simple provocation. « Buvez, c’est de la bière de vin ! » Ils ne remarquent même pas le gros contenant, le côté festif du magnum.

Passez-moi le décapsuleur.

Attention, ça risque de péter !

#Vendredi du Vin #65 : Méfiez-vous, ça va péter !

Moi, j’y trouve de la finesse, du fruit, de la fraise écrasée, de la gaieté, du copinage, de la légèreté, de la soif et même une pointe d’amour coquin. Un petit clin d’œil du genre : « dis donc coco, viens donc te coller à moi, ne crains rien, viens… ». Certes, pas de quoi en faire des tonnes, mais de quoi ne pas s’ennuyer non plus alors que tout le monde autour de vous s’agite en poncifs et ne parle que grand vin, grand machin, grand cru, grand ceci, grand cela. Oui, ce magistral pet que l’on sent venir en soi en éclusant cette bouteille à mille lieues de la frime, loin d’être un simple pet mouillé, ce pet en magnum sera sûrement celui du bonheur partagé.

Après tout, c’est si beau de péter à deux !

(PS. Article paru en 2014 ici : https://pourlevin.skyrock.com/)

Michel Smith

Bruckner et le mystère enfoui de la Jarana

16 Sep

Dans le genre vin et musique ou musique et vins, on ne fait guère mieux ! Cette fois-ci, il y a le même souffle, la même respiration, le mouvement identique, la symphonique ressemblante, la communion ; majesté, paix, silence, puis dramaturgie musclée, magnificence, puissance, que sais-je encore…, dans l’émouvante interprétation de la symphonie n°7 d’Anton Bruckner par un Herbert von Karajan vieillissant mais vaillant, romantique, un dernier souffle de vie associé à la précision légendaire du Wiener Philharmoniker, “un disque de légende” comme on aime le claironner sur France Musique où je l’ai entendu pour la toute première fois, disque que j’ai pu récupérer chez mon pote YouTube afin de vous le faire partager en toute bonté de ma part, car ma bonté, elle aussi est légendaire, et elle n’a pas de limites !

Parce qu’il y a un mystère tout aussi dissimulé, mystère difficilement perceptible dans le vin blond et presque rond que je laisse fondre en bouche avant d’affronter mon déjeuner, une demi-heure de réflexion, c’est mon temps de méditation – il s’agit d’une cuvée Jarana de la maison Emilio Lustau à Jerez-de-la-Frontera – offrant au palais une progression que je qualifierai de “dramatique”, un vin “difficile” tellement qu’il est facile de passer à côté, de le voir sans y prêter attention, sans y déceler ce qu’il a à cacher. Et pourtant, j’aime ces vins émotifs, cette manière qu’ils ont de nous calmer, de nous faire adopter une lente respiration, encore une fois un mouvement en retenue, mais si joliment rythmée, respiration allègre perceptible uniquement les yeux clos, dans la discrétion, tant elle est faite d’élégance et de subtilités infimes entrecoupées de vastes paysages, espaces tantôt langoureux puis devenant subitement majestueux – je sais, je me répète – s’étirant en plein éveil, guettant la pleine lumière, celle de la création, celle de l’Andalousie (pourquoi pas puisque c’est le royaume de ce vin) qui s’accorde sans que l’on ait besoin de prier en ce précieux moment alors que résonne cette sublime « numéro sept » du cher Anton. Des choses que je ne ressens que chez lui ? Évidemment, non puisqu’il y a en réserve bien d’autres musiques planantes et dansantes même en allant flâner quelques fois vers le jazz et ses compositeurs de génie ; j’y reviendrai un jour en examinant d’autres vins aussi inspirants que celui-ci, ce Jerez (xérès chez certains sommeliers) Fino qui, au passage, me laisse encore en bouche cette saveur particulière comme une étrange salinité liée au cuir et à la sueur, un sucré-salé-amer, goût bizarre, me direz-vous, mais une saveur qui colle avec ces grands espaces, paysages arides et montagneux que l’on rencontre dans certains westerns bien filmés, du Technicolor certes, mais bien édulcoré, grâce à une étrange palette brumeuse, un peu comme ces montagnes douces, pourtant sévères, de nos Corbières ou des Cévennes.

Et comme s’il fallait en rajouter, je vous propose de communiquer un peu plus en sirotant quelques lampées de cette mystérieuse Jarana jusqu’à plus soif, tandis que vous laisserez voyager en vous le vin pour en apprécier chaque mouvement, chaque note, chaque instant le plus calmement et le plus longuement possible. Profitez-en, le vin n’est pas ruineux, du moins là où je l’achète. Je n’ai pas à ce jour meilleur exercice à vous proposer !

Alors, bien sûr, il y a Brahms, Ravel, Dvorák, Strauss, Debussy, Haydn, Beethoven et les autres… Tenez, j’ai aussi retenu pour vous cette merveilleuse symphonie numéro neuf de mon bien-aimé Gustav (Mahler) avec le même Karajan et son équipage dynamique du Berliner Philharmoniker. C’est beau et suave comme un Tokaji de Hongrie, ou comme un Danube bleu, bien bleu, sage et argenté comme la Loire vers Les Rosiers, entre Saumur et Angers quand on la descend, ou bucolique comme les rives de la Gartempe en Charente, comme un verre de Condrieu bu à Condrieu au bord du Rhône, ou encore tendre comme un coucher de soleil sur les Carpates, ou bien alors romantique comme une promenade nocturne dans un Venise désert un soir de pleine lune ! Amusez-vous donc à les marier ces rythmes avec les jus des treilles les jours de solitudes (oui, j’ai plusieurs solitudes !) lorsque vous ne savez guère que faire. Laissez votre “vague à l’âme” voguer au fil de votre rêverie, laissez-le vous guider sans opposer de résistance. Vous verrez, c’est un sacré bon moment à passer.

Michel Smith

Finomania, la grande dégustation

4 Sep

Comme vous le savez, la Finomania est ancrée en moi pour de bon, et ce, depuis belle lurette ! Ce jour là, c’était en 2014, bien avant que ne se rapplique la grande dépression. Et j’avais éprouvé l’envie de rassembler chez moi avec l’aide précieuse de quelques amis du Fino parmi lesquels Isabelle Brunet et Bruno Stirnemann, un maximum d’échantillons de vins de Jerez de la Frontera, de Sanlucar de Barrameda, de Puerto Santa Maria, sans oublier quelques flacons de Montilla-Morilles. Une journée de dégustation à la fois folle et sérieuse, à l’image du Fino, à deux pas du Centre du monde, la gare de Perpignan.

Bruno Stirnemann. Photo©MichelSmith
Bruno

Pour cette session, pas de cinoche « à l’aveugle » : les bouteilles étaient alignées par mes soins, mélangeant volontairement (la folie, vous dis-je) les trois appellations – Jerez, Manzanilla, Montilla-Moriles – sachant, je le rappelle, que la dernière D.O. est la seule, du moins dans la qualité Fino, à ne pas être mutée, renforcée à l’alcool si vous préférez. À charge pour moi, par la suite, de mettre tout cela en ordre et par écrit. En queue de dégustation, sept bouteilles d’un type Fino, certes, mais un vin élevé plus longtemps, flirtant avec le style Amontillado. Là encore, j’entends l’armée des puristes et spécialistes se manifester dans les rangs, mais nous autres, simples amateurs, n’avons rien trouvé à redire de cette manière de voir les choses.

Isabelle Brunet. Photo©MichelSmith
Isabelle

Cette dégustation n’est certainement pas parfaite. Pas d’étoiles ni de notations chiffrées, tant pis pour les amateurs de classements. Je sais, il manque des marques et cela ne plaira certainement pas aux aficións, donc pas la peine de m’en tenir grief. Vous ne lirez rien, hélas, sur l’Inocente de Valdespino, par exemple… la Quinta, le cheval de bataille d’Osborne et Coquinero d’Osborne également, le Fino Superiore de Sandman, le Hidalgo Fino d’Emilio Hidalgo, le Pavon de Luis Caballero, le Harveys Fino de Harveys, le Fino Romate de Sanchez Romate, le Gran Barquero de Pérez Barquero (Montilla-Moriles), etc. J’ai dû faire avec les moyens du bord ! Tous les vins de cette série titrent 15°. En gras, se distinguent nos vins préférés, nos coups de cœur. Pour ces premiers douze vins, les prix en grandes surfaces, comme chez certains cavistes en Espagne, oscillent entre 6 et 8 euros. Un seul est en dessous de 9 €, tandis qu’un autre est à 12 € en France. Bien sûr, tous les autres sont plus chers en France et ce n’est pas toujours justifié. Bref, pour ceux qui vont se ravitailler en Espagne, vraiment pas de quoi se ruiner ! À noter aussi que dans les bonnes boutiques espagnoles, beaucoup de ces vins sont aussi disponibles en demi-bouteilles, ce qui est un avantage pour préserver la fraîcheur du vin. Les bouteilles sont alignées : allons-y !

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– Muyfina, Manzanilla, de chez Barbadillo (bouchon à vis). Robe jaune pâle. Un goût cireux, étrange, poussiéreux, notes de vieux cuir… Puissant, gras et long en bouche mais sur une tonalité rustique. Dur, manquant à la fois de fraîcheur et de finesse.

Comportement acceptable sur des tapas : olives, anchois…

– Carta Blanca, Jerez, de chez Blazquez (distribué par Allied Domecq). Robe paille étonnement soutenue. Densité, profondeur, quelque chose d’inhabituel, rusticité, plus proche de l’oxydation que de la flor, avec des notes de caramel et (ou) de Pedro Ximenez. Très léger rancio en finale.

Bien sur des tapas genre tortillas. À tenter sur un fromage comme le Manchego (brebis) ou un Picón de Valdeón, persillé de chèvre et de vache.

– Tio Pepe, Jerez, de chez Gonzalez Byass (DLC Novembre 2014. Robe bien pâle. Nez de voile. Très sec en bouche, comme c’est annoncé sur l’étiquette. Le vin joue son rôle, sans plus. Il ne surprend pas. Simple et court.

Sans hésiter à l’apéritif sur du jambon, clovisses ou salade de poulpe.

– La Gitana, Manzanilla, de chez Hidalgo (bouchon à vis). Robe très pâle. Nez frais. Excellente prise en bouche, du nerf, de l’attaque, notes de fruits secs, bonne petite longueur qui s’achève sur la salinité.

Exquis sur de belles olives, beignets d’anchois, gambas, ratatouille froide.

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– San Leon, Manzanilla, des Bodegas Arguezo. Robe moyennement pâle. Nez pas très net, simple et rustique. Bouche réglisse et fumée.

Ça fonctionne sur le gras du jambon et sur le boudin noir de campagne.

– La Ina, Jerez, de chez Lustau. Robe pâle. Nez plutôt complexe sur la flor et l’amande grillée avec de légères notes de fumé. Belle amplitude en bouche, de la fraîcheur, du mordant, rondeur en milieu de bouche, finale sans bavures sur des notes salines.

L’apéritif presque parfait sur amandes grillées, olives pimentées, jambon bellota, lomo, chorizo, palourdes, anchois frais, sardines grillées…

– La Guita, Manzanilla, de chez Raneira Perez Marin (bouchon à vis, mise en bouteilles décembre 2013). Robe légèrement paillée. Nez fin et discret avec touche d’amande. Une vraie présence en bouche, ça frisotte, léger rancio, manque peut-être un poil de finesse, notes d’amandes salées en finale. C’est bien foutu.

Plus sur des plats de crustacés, langoustines, crevettes, etc.

 El Maestro Sierra, Jerez, des Bodegas Maestro Sierra (Mise en bouteilles en avril 2014). Belle robe pâle. Nez fumé. Dense, ample et riche en bouche, un poil rondouillard, mais bien fait dans l’ensemble.

Apéritif, certes, mais le garder pour un plat de poisson au four, ou pour un plat de morue, une omelette de pommes de terre ou de champignons.

Photo©MichelSmith
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– Fino Electrico, Montilla-Morilès, de Toro Albala (12 € pour 50 cl. Diffusé par Valade & Transandine chez Soif D’Ailleurs à Paris) Robe pâle. Nez fruité, élégant, notes d’amande fraîche et de fumé. Finesse en bouche, impression de légèreté, complet, finale sur la longueur.

« Une bouche à jambon », quelqu’un. Oui, mais il lui faut un grand pata negra ! Quant à Bruno il le verrait bien sur un turbot. Et pour ma part, je lui propose une brouillade de truffes !

– Puerto Fino, Jerez, de Lustau (élevé à El Puerto Santa Maria). Belle robe légère. Très complexe au nez comme en bouche : notes de fougère, amande fraîche, écorce de citron, iode, silex, épices, vieux cuir, volume… on sent que ce fino est associé à une vieille réserve de type solera tant la longueur le maintient en bouche avec toute sa richesse. Les critiques le propulsent « Roi des Finos » et ils n’ont pas tort.

Un grand apéritif de salon, parfait pour réfléchir aux choses de la vie au creux d’un profond fauteuil. Un bon robusto de Cuba, genre Ramon Allones, pour les inconditionnels du cigare. À essayer aussi sur une cuisine asiatique, Thaï ou Coréenne. Sur une huître tiède à la crème ou sur une mouclade légèrement crémée et épicée.

– Papirusa, Manzanilla, de Lustau (Bouchage vis, aurait dû passer à mon avis avant le précédent). Si je ne me trompe pas, le fino a pour base une solera moins âgée que pour le Puerto Fino. Belle robe blonde. Parfaitement sec en bouche, c’est propre, net, élégant, fraîcheur évidente, salinité bien affirmée, un régal de précision, une touche animale pour finir, genre vieux cuir. Finale exemplaire où le goût du vin reste en bouche pour longtemps. Difficile de dire, en tout cas pour moi, si c’est ce vin qui l’emporte sur l’autre. Question de goût. Toujours est-il que c’est un formidable rapport qualité-prix !

Là encore un vin de cigare, plutôt celui de la fin de matinée. Doit être à l’aise sur de gros crustacés, genre homard thermidor, surtout si on ajoute un peu de fino dans la cuisson. Sinon, parfait pour le jambon de qualité, les fritures de poissons ou de calamars.

Solear, Manzanilla, de chez Barbadillo (Bouchage vis, DLC Avril 2015). Belle robe blonde et lumineuse. Nez discret et fin. Bouche fumée, fraîche avec des notes de fruits cuit (abricot). Un fino assez classique, voire simple et qui s’oxyde assez vite. Il ne fait pas l’unanimité.

Sur des tapas : ailes de poulet, travers de porc, poivrons, sardines à l’escabèche, thon, maquereau.

Photo©MichelSmith
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– 3 En Rama, Jerez, Fino d’El Puerto de Santa Maria, de chez Lustau (50 cl). Blond de robe, fin de nez, exceptionnel de droiture, de finesse et de longueur en bouche, cette série fondée sur la mise en exergue des 3 zones d’élevages de l’appellation confirme la suprématie de Lustau dans l’art de la précision. La complexité en bouche n’est pas absente : noix, amande, touche de bois brûlé, on rêve de le marier à un saumon fumé de belle origine en gravlax. J’ai aussi pensé à un carpaccio de veau avec câpres, huile d’olive, une pointe de vinaigre balsamique et de généreux copeaux de vieux parmesan.

– Sacristia AB, Manzanilla, Secunda Saca 2013, d’Antonio Barbadillo Mateos (37,5 cl, 15°). Robe blonde sans surprise, mais nez surprenant au premier abord, presque moisi. À l’oxydation, le vin devient prenant, dense, entêtant au point qu’il finit par captiver l’auditoire. Huit jours après, il confine au sublime : on devine l’épaisseur, on sent le zeste de citron, le fumé, la salinité et la belle amertume qui vient souligner la finale. Il lui faudrait quelques blocs de maquereau cru avec des feuilles de basilic et des morceaux d’olives vertes et noires, mais là encore on pense au parmesan disposé cette fois-ci sur des asperges vertes légèrement poêlées et servies tièdes avec un filet d’huile de noix. Où alors on lui donne un jeune navet coupé en lamelles fines avec huile d’olive et truffe. Mais on songe aussi à un tartare de cèpes…

– Fino Una Palma, Jerez, Gonzalez Byass (50 cl, mis en bouteilles le 25/10/2013). Un autre monde pour cette palme (la marque repère inscrite à la craie par le maître de chais sur un fût qui se comporte particulièrement bien), la plus jeune d’une série de quatre. Dans ce cas précis, il s’agirait de 3 botas (fûts) assemblées, un Fino de 6 ans d’âge minimum. C’est plein, épais, riche mais bien structuré, rond mais avec ce qu’il faut d’acidité et de jolies notes d’amande grillées. Un très joli vin où l’on ressent la présence excitante de la flor ainsi qu’une longueur assez inhabituelle. Certains pensent au cognac et de ce fait au havane. D’autres évoquent une dégustation de chocolats de différentes origines. De mon côté, je penche pour un très léger curry de crevettes…

Photo©MichelSmith
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– Fino Dos Palmas, Jerez, Gonzalez Byass (50 cl, mis en bouteilles le 15/10/2012). Toujours cette belle étiquette ancienne sur un élégant flacon montrant une robe plus ambrée. Huit ans d’âge au moins, ce qui fait que l’on boit la puissance… Rondeur, intensité, l’acidité se distingue sur la longueur qui, elle même, est assez phénoménale. On boit, on parle, on boit et on reparle, on ne remarque même pas que le vin commence à être chaud depuis le temps qu’il attend son tour dans cette dégustation estivale. C’est un vin de repas, on en convient – Bruno le voit sur un turbot aux morilles -, mais c’est aussi un vin de fauteuil, un vin de méditation.

– Fino Tres Palmas, Jerez, Gonzalez Byass (50 cl, mis en bouteilles le 18/10/2012). Nous sommes sur des vins ayant passé 10 ans sous voile, ce qui est plutôt rare et même rarissime. Au premier abord, on pense à de vieux Château-Chalon. Le style Fino est encore présent, mais on devine quelques touches de rancio caramélisé en finale qui vient s’ajouter à des notes de noisettes grillées. Le vin fait causer. « C’est la mort de la fleur » lance quelqu’un en imaginant le voile qui se déchire et se désintègre petit à petit dans le fût. « Doré, soyeux et tendu en bouche », s’avance un autre dégustateur. Que faire avec ? Lire ? Écouter de la grande musique ? Sombrer dans un profond fauteuil ? Aimer ? Fumer un grand havane ? Contempler la campagne ou la mer, ou le ciel ? Bref, à vous de voir… Sachez qu’il existe un Cuatro Palmas qui est en réalité un très vieil Amontillado tiré d’une très vieille réserve…

– Pastrana, Manzanilla Pasada, La Gitana de Hidalgo. Pour ainsi dire très peu filtré et composée de vins deux fois plus âgés que ceux entrant dans la composition de la Gitana (voir commentaire plus haut), ce vin d’une seule vigne (single vineyard sur l’étiquette) était très mal placé dans notre dégustation. Bien que sa robe ambrée fut agréable à l’œil, je l’ai trouvé un peu éteint, mou, tandis que mes collègues de dégustation ont préféré utiliser le terme « discret ». Certains ont tout de même relevé des volutes de havane et des effluves de fruits secs. On a même envisagé un mariage sur l’huître !

Photo©MichelSmith
Photo©MichelSmith

Antique Fino, Jerez, Bodegas Rey Fernando de Castilla (50 cl). Une gamme de vieux Jerez dans toutes les catégories, voilà ce que propose ce négociant, à commencer par ce Fino luxueusement présenté. Je lui ai trouvé un nez légèrement bouchonné, tandis que d’autres, comme Bruno, ont relevé un nez complexe fait de rancio, de cognac et de vanille. Il l’a d’ailleurs examiné sous l’angle d’un digestif, tandis qu’Isabelle, en fait « son » vin de cigare ! Goûté de nouveau quelques jours après, le côté liège avait disparu pour laisser place à un vin que j’ai trouvé dur et massif, en tout cas pas dans l’esprit fino, même vieux.

Michel Smith

Quelques notes complémentaires et pratiques

-Absente de cette dégustation, il convient de noter la série « En Rama » de la maison Tio Pepe, plutôt Gonzalez Byass, dont le chef de cave, Antonio Flores, met chaque année en bouteilles une sélection particulière donnant lieu à un assemblage de finos pour ainsi dire à l’état brut (non filtrés) ayant passé cinq ans au moins sous voile dans deux chais réputés pour leur hygrométrie. Le souvenir de l’un d’entre eux, goûté il y a trois ans (chaque année, une nouvelle étiquette est copiée sur un modèle ancien) est encore présent… Il faut dire qu’il y avait un remarquable jambon à portée de doigts !

-À propos de la série des Palmas de Gonzalez Byass (voir plus haut), je recommande le récit d’une dégustation du même type organisée par le maître de chais de Gonzalez Byass à laquelle le journaliste Danois Per Karlsson (BKWine Magazine) a pu assister. Et puisqu’il faut tout de même de temps en temps causer prix, le 3 Palmas de Gonzalez Byass tourne autour de 30 € pour 50 cl quand on en trouve en Espagne, le 2 Palmas est à un peu plus de 20 € et le 1 Palma autour de 15 €. Il existe aussi un cuatro Palmas (Manzanilla) mais en Amontillado à près de 90 € (50 cl). Merci encore à Bruno Stirnemann de nous avoir offert ces vins de grande noblesse extirpés de sa cave.

-Dans le même genre d’idée, la maison n’est pas en reste, elle qui commercialise 3 versions de finos en rama, un Jerez (que nous avons dégusté plus haut), une Manzanilla et un autre Jerez mais d’El Puerto de Santa Maria. Compter près de 17 € pour 50 cl.

-Une boutique en ligne ? La plus sérieuse me semble être celle de Villa Viniteca, une institution à Barcelone, avec quelques raretés chères à notre dégustatrice Isabelle Brunet, comme les finos de l’Equipo Havazos hélas absents de notre dégustation. Bien qu’intéressés par tous les vins espagnols, les membres de cette équipe semblent avoir une prédilection pour l’Andalousie. Leur mission : détecter des pépites dans les caves du royaume, se les réserver, suivre leur élevage, puis leur mise en bouteilles, enfin leur commercialisation. Je vous avais déjà déterré quelques bouteilles ici même. Je me souviens d’une exceptionnelle Manzanilla Bota n° 32 qui fait encore frémir mes papilles de jouvenceau… Introuvable désormais, à moins d’un miracle ! Quelques raretés de cette fameuse équipe sont cependant en vente à la Maison du Whisky qui semble en avoir l’exclusivité en France.

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-Une boutique pas trop mal achalandée et proche de la France, le magasin Grau, en Catalogne, où je me suis largement servi en payant ma note, je le précise, au cas où certains auraient des doutes… Sinon, allez sur le site Univum où un large choix est proposé. Un autre site semble s’intéresser au Fino : Vino Iberico. Quant à Lavinia, pourtant partie de l’Espagne, son offre en ligne en France est plutôt décevante en matière de Finos.

-Enfin, un blog sérieux à consulter régulièrement si vous lisez l’anglais : le Sherry Notes du Belge Robert Luyten.

Fino, le vin fou

4 Sep

Étrange de ma part que de reprendre ainsi pour titre « le vin fou », un vieux slogan sorti de la maison Henri Maire (Jura), chantre, lui aussi, des vins élevés sous-voile. Mais voilà que cela fait bien 40 ans et plus que je suis adepte de ce type de vin. J’ose aussi dire que j’en abuse parfois. D’ailleurs, j’en ai toujours un ou deux flacons en veille (pour pas longtemps) au frigo et il m’a semblé utile de vous livrer un article écrit (bénévolement, je le souligne) pour le livre « La nouvelle épopée des vins oxydatifs secs » paru aux Éditions Trabucaire (Perpignan) sous la direction d’Alain Poirier. En allant vers le bas à l’aide de votre souris, je pense que vous pourrez tout lire. Sinon, écrivez-moi que je vous expédie le pdf.

Dos Amigos Andalous

4 Sep

L’époque où il suffisait de lever mon petit doigt pour recevoir une pluie d’échantillons de vins est heureusement révolue pour ce qui me concerne. Le seul hic, c’est qu’il faut que j’y aille de ma bourse pour picoler ! Comme mes compères de blog, fut un temps où j’organisais des dégustations que je croyais savantes en vue de parutions dans des articles pour revues plus ou moins solides, plus ou moins spécialisées. En ce moment, j’ai très soif d’Andalousie. Et par chance, ça tombe bien, car ces vins ne sont pas ruineux.

Au hasard de mes récentes commandes hispaniques, je pioche pour une fois dans l’appellation Montilla-Moriles qui donne, rappelons-le, à peu de choses près ce que l’on goûte du côté de Jerez sauf que le cépage n’est plus le Palomino mais le Pedro Ximénez et qu’à Montilla-Moriles, par décret, on ne mute pas les vins à l’alcool. On en a déjà causé ailleurs, donc je ne vais pas trop m’étendre et plutôt vous conseiller de revoir cet ancien article

De mes achats récents chez Vinissimus – rappelons que même si je les cite souvent, je ne cherche aucunement à faire leur publicité et que je paie mes vins, je retiens deux “coups de cœur”, deux vins, deux approches et deux plaisirs, deux différences de style, deux esprits que je me suis amusé à classer en deux catégories bien distinctes : le compliqué et le facile.

Photo©Vinissimus

Le compliqué

Fino Los Amigos de Perez Barquero

Bien que déclaré fino, mention qui chez moi sous-entend une approche franche et directe en bouche avec le coup de la joie instantanée en plus, ici, ça ne me la fait pas. Il a beau s’adresser “amicalement” à nos palais, Los Amigos ne me livre pas l’amitié franche, sincère et directe à laquelle je m’attends. Ça, c’était une première impression. Puis, une fois entamé, le vin a traîné quelque peu au frigo. En outre, vu son prix, j’avais acheté 3 bouteilles de ce vin, j’ai donc eu suffisamment le temps de l’évaluer. Première erreur, ne pas le servir trop glacé, car ce n’est qu’autour de 13/14° de température que le vin se révèle enfin : notes réglisse, c’est puissant, bien sec, avec un très joli fond concentré et torréfié. Étonnamment long en bouche, un rien langoureux, je le vois finalement comme le vrai complice qu’il promettait d’être, le vrai copain, surtout sur le fromage frais de brebis. Je l’ai particulièrement apprécié aussi en fin de repas, presque comme une liqueur que l’on s’offre alors qu’arrive le moment du café. 6,95 €.

Le facile

Le Fino CB d’Alvear

Photo©MichelSmith

Ayant fréquenté ce vin jadis lors d’un été de canicule où je le trouvais non seulement rafraîchissant, mais proche de l’idée que je me faisais alors – et que je me fais encore – d’un vin synonyme de vacances, vin de chance et d’insouciance, je retrouve avec le Fino de la marque Alvear tout le plaisir du vin d’apéritif et de début de repas. En dépit d’une ouverture parfois pénible (tête de bouchon un peu trop lisse qui nécessite une bonne poigne), on se retrouve ici dans un univers de franchise et de clarté, tout ce qui sied à un Fino. Le nez, d’abord : amande grillée, atmosphère florales d’orangers et citronniers. En bouche, c’est sec, bien sec et structuré dans l’élégance, mais c’est aussi complet, avec un fond salin rehaussé de notes fumées allant vers une finale anisée. J’en recommanderai volontiers, et ferai en sorte de le servir bien autour de 10° de température pour l’associer à toutes sortes de tapas pas trop pimentées, ou sur une entrée plutôt maritime. 6,76 €.

Michel Smith

Une java à Montpeyroux

4 Sep

Faiez la java à Montpeyroux, ça vous dit ? Encore un village de l’arrière-pays, me direz-vous. Plus beau et plus peuplé que le Vailhan d’une de mes dernières livraisons (pour ceux qui suivent…), plus intéressant encore sur le plan viticole, car on me souffle que ce village serait sur le point d’accéder au titre suprême de cru et, qui l’eut crû, au rang de mes “grands crus” du Sud. J’attends cela depuis si longtemps…

C’étai un dimanche de fin avril dernier pour la 23ème édition de ses “Toutes caves ouvertes”, une journée vécue avec bonheur, verre à la main, dans un cadre fou ponctué de fanfares, de déambulations et de dégustations avec, en guise d’apothéose, le repas – classique, mais mémorable – pris en compagnie d’une bande d’amis et supporters du couple vigneron Désirée et Sylvain Fadat. Au menu : pieds et oreilles de cochon ramenés et cuisinés par les parents de Désirée venus d’Espagne tout exprès pour l’occasion, le tout agrémenté de quelques vieux magnums de Carignan surtout pas gnangnan, cépage qui contribue largement à la renommée de ce territoire gagnant.

Pieds de cochon et beaux flacons pour les amis ! Photo©MichelSmith

Quand je le vois venir de loin en remontant l’A75 vers Millau et Clermont-Ferrand, lorsque je sens se rapprocher les Cévennes et le Larzac, je sais que je suis un peu chez moi. Et quand, passé la Thongue, je me rapproche peu à peu de son ventre – la place de l’Horloge – et que je vois pointer le poing du Mont Baudile couronné d’antennes, j’ai des envies de java… de jaja aussi. On pourra relire ce que j’écrivais déjà en 2010 sur la démarche opérée alors, avec le soutien de l’excellente Cave Coopérative de Montpeyroux, par les meilleurs vignerons du village en vue de réclamer un cru, droit qui avait déjà été octroyé au bon vieux temps des VDQS. Je trouve tout à fait louable qu’une armée de vignerons, plutôt que de s’en tenir, en égoïstes, à la seule notoriété de quelques domaines, rassemble ici les forces nécessaires afin de se distinguer sur le marché du vin en adoptant le nom de leur commune, à l’instar de Pommard ou Margaux. Cette décision passée qui laisse désormais espérer un cru Montpeyroux pour 2023/2024, se justifiait encore plus à l’époque face au dynamisme de la toute nouvelle et assez vaste appellation Terrasses du Larzac (32 communes !) qui, depuis, a renforcé son aura de cru hautement recommandable chez les sommeliers comme les critiques. Il est ironique de souligner le fait que les vignerons de Montpeyroux, pourront finalement, selon les parcelles qu’ils cultivent, proposer une gamme riche de trois identités : LanguedocTerrasses du Larzac et Montpeyroux, sans parler de plusieurs IGP (Oc, Mont Baudile, Saint-Guilhem-le-Désert…). Je m’avance un peu, beaucoup même, mais à mes yeux l’appellation risque fort, à terme, de devenir le “phare” des vins du  Languedoc. Certes, l’ambition en ce cas peut paraître quelque peu démesurée… mais pourquoi pas ? À Montpeyroux, rien d’impossible !

King Sylvain ! Photo©MichelSmith

À suivre, les quelques vins – les plus en forme ce jour-là – que j’ai pu retenir lors de cette déambulation par moments folklorique. Je n’ai pu tout goûter, faute de temps et par manque d’ardeur peut-être. Les vins sont présentés dans l’ordre de mes dégustations et vous pourrez sans mal, en quelques clics de recherche sur Internet, en savoir plus sur chaque domaine. Commencez donc par les retrouver listés ici dans leur totalité.

Domaine d’Aupilhac

L’un des plus réputés du Sud de la France, premières cuvées de Carignan en 1989, première médaille d’or l’année suivante, en bio depuis fort longtemps, ce domaine tient grâce au dynamisme du couple Désirée et Sylvain Fadat. On peut considérer que tous les vins sont d’un excellent niveau. En voici quelques-uns.

-Le Gris 2021, Vin de France composé de Clairette rose, de Carignan et de Grenache tous deux gris, est un très joli vin dodu, mais structuré et d’une longueur notoire. Autour de 13 €.

-Le Cinsault 2020, Vin de France, après 14 mois d’élevage en petits foudres, est un modèle de finesse en rouge, non dénué de densité et de matière. Autour de 17 €.

-Aupilhac 2019, Languedoc Montpeyroux gaillard au possible, élevage de 30 mois en petits foudres et barrique usagés, est en plein sur la fraîcheur, profond, garrigue et terre chaude, sur tannins finement boisés. L’exemple du cru. Par expérience, je sais qu’on en a pour 20 ans de garde minimum ! 17 €.

-La Boda 2018, Languedoc Montpeyroux, assemblage des Cocalières, amphithéâtre volcanique sur roche calcaire, et d’Aupilhac, éboulis sur marnes bleues, rouge vinifié et élevé 30 mois en cuves tronconiques, encore replié sur lui-même, matière serrée, bien droit, poivré et long en bouche. Environ 35 €.

-Le Clos 2019, Languedoc Montpeyroux principalement issu d’un secteur de marnes bleues, toujours 30 mois de fûts, est un peu, cépages mis à part, le Petrus du Languedoc. Une cohabitation entre Mourvèdre et Carignan, avec une petite place pour la Syrah. Nez où l’on sent l’élevage en fûts avec un accent de garrigue estivale. Belle densité, profondeur, droiture, tannins magnifiques, c’est un grand vin de garde, 30 à 40 ans au moins ! Environ 50 €.

Domaine Alain Chabanon

Toujours aussi haut classé dans l’esprit des amateurs, il est intéressant de suivre cette cave dont l’expérience n’est plus à remettre en cause.

-L’Esprit de Font Caude 2016, Languedoc Montpeyroux, toujours aussi exemplaire, est un rouge armé d’un fruit magnifique, très précis, long en bouche, ample et profond, tout en restant marqué par des tannins en beauté qui augurent d’une belle garde. J’ai goûté pas mal de vins d’Alain lors de Millésime Biocommentaires à lire dans ce lien. Environ 35 €

Les filles (sœurs ?) d’Amile. Photo©MichelSmith

Mas d’Amile

Ce petit domaine tenu par Amélie et son frère Sébastien ne cesse de progresser au fil des ans avec, en particulier, deux cuvées de cépage unique.

-Terret blanc 2021, Vin de France produit depuis 2014 en petite quantité (800 bouteilles en 2021) cette version est dynamique en bouche, pleine, presque suave (légères touches de sucre résiduel), avec un côté majestueux. Garder au moins 5 ans avant de l’attaquer sur des pâtes aux champignons. 18 €.

-Le Petitou 2020, aussi joyeux que son étiquette le laisse deviner, est un Terrasses du Larzac rouge bigrement attachant, en plein sur le fruit et prêt à boire frais. 9 €.

-Vieux Carignan 2017, IGP Saint-Guilhem-le-Désert, un petit hectare, un an d’élevage en barriques usagées : nez particulièrement beau ainsi qu’une sacrée amplitude en bouche. En bon vieux pionnier, je célébrais ce vin (version 2008) il y a une douzaine d’années dans le numéro 28 de Carignan Story ! 16 €.

Domaine Terre de Feu

Un couple charmant que Katherin, l’Allemande et Gonzalo Amigo, l’Argentin, couple qui se trouve à la tête de 7 ha travaillés en bio depuis 5 ans et sur lesquels je fonde plein d’espoirs.

-Glace 2019, IGP Pays d’Oc, est un blanc remarquable d’expression fruitée et d’éclat en bouche. 12 €.

-Tout Flamme 2019, Languedoc Montpeyroux, rouge plaisant d’assemblage classique (sans le Mourvèdre), est plein de largesse et de sourire, le tout dans l’amplitude et la longueur. 12 €.

Domaine Flo Busch

Un autre couple très prometteur, Paola et Florian – lui est passé de la Moselle jusqu’au Domaine d’Aupilhac – partage leur temps entre la vigne et les plantes aromatiques. Bio et biodynamie, vins ni filtrés, ni collés, j’avoue que leurs vins ont quelque chose de passionnants.

-Heureux qui comme… 2020, Vin de France. Sur sols de marnes bleues et jaunes avec fossiles et dépôts de grès, ce rouge Carignan et Grenache noir en partie élevé en barriques, se remarque surtout par un bel équilibre et une longueur de bon aloi. 15 €.

-Pointe du jour 2020, Vin de France associant Syrah et Carignan. Superbe impression de matière enrobée de velours avec beaucoup de charnu, de rebond et de longueur conduisant à une belle finale. À suivre. 20 €.

Villa Dondona

Une maison au sein du pitoresque Barry (l’ancien village) et une cave près de la coopérative, tel est le petit monde de Jo Lynch et d’André Suquet dont la vie s’articule autour d’une superbe vigne de 8 ha au-dessus de Montpeyroux. Que de belles surprises !

-Esperel 2015, Landuedoc. Un très jovial blanc (Roussanne, Marsanne, Vermentino, Grenache blanc), très rafraîchissant, bien structuré, plein, précis et long en bouche.

-Chemin des Crayades 2019, IGP Saint-Guilhem ici consacrée au seul Carignan, c’est droit, bien encadré par les tannins souples, belle tenue, longueur. Peut encore tenir 5 ans.

-Que du Grenache 2019, IGP Hérault. Ici on a l’élégance du Grenache noir cueilli à point, fraîcheur bien présente, souplesse alerte, longueur, finesse en guise de fin. Un petit régal, sans trop attendre.

-Dondona 2019 et 2020, Languedoc Montpeyroux. Le premier fort bien noté par sa présence, sa densité et sa largesse, le second mieux encore par l’extrême élégance de sa matière. Encore 5 ans pour ne pas gâcher l’esprit charmeur de ces bouteilles.

-Oppidum 2015, Languedoc Montpeyroux. Axé sur le Mourvèdre (majoritaire) et la Syrah, avec douze mois d’élevage en barriques, le nez est à la fois fin et frais, notes de garrigue, belle attaque, amplitude, vif et charnu, voilà un rouge marqué par une très belle finale sur des tannins grillés. On peut encore attendre 5 à 10 ans, probablement plus.

Jo, dans tous ses états ! Photo©MichelSmith

L’Aiguelière

Après Aimé, puis Auguste Commeyras, c’est le jeune Antoine qui reprend fièrement ce domaine réputé longuement tourné vers la seule Syrah. La sixième génération de vignerons arrive avec quelques nouveaux vins sur lesquels il faudra désormais compter. Quand bien même faudrait-il aussi raccourcir la gamme pour plus de précision, notamment au passage en cru.

-Sarments 2020, IGP Saint-Guilhem-le-Désert, est un blanc que se partagent à égalité Sauvignon et Viognier. On sent du rythme, une forte et belle densité, ainsi qu’une légère et agréable amertume pour souligner la finale. 13 €.

-Côte Rousse 2019, Languedoc Montpeyroux, agréable rouge Syrah/Grenache, un peu lisse d’aspect, plutôt facile, tannins comme adoucis, prêt à boire. 8.000 bouteilles. 23 €.

Côte Dorée 2019, Languedoc Montpeyroux. Avec 4.000 bouteilles, je dois admettre que cette pure Syrah est resplendissante : matière riche et abondante, épatante structure tannique, longueur, c’est un grand vin de garde, pour dix ans, voire plus. 23 €.

-Anthénor 2020, Terrasses du Larzac. Il doit y avoir une erreur d’appellation que je n’ai pas relevée lors de ma dégustation, car ce pur Cabernet Sauvignon au nom d’Anthénor, le grand-père d’Antoine, vin tiré à un millier d’exemplaires, ne saurait être en AOP et ce, même si cette cuvée, moelleuse et portée sur le fruit, avec de jolies notes cacaotées et des tannins bien dessinés, attire les dégustateurs. 58 €.

Voilà, c’était la Java de Montpeyroux !

Michel Smith